Négociations sur le travail : les Jeunes Socialistes dénoncent le blocage du MEDEF

Publié le 10 décembre 2012 par Letombe

L’offensive des patrons et des libéraux contre le modèle social français et les droits des salariés se poursuit. Après l’épisode des autoproclamés « pigeons » ou encore les prises de position sur le rapport Gallois dénonçant de manière virulente le « coût du travail trop élevé », le Medef a avancé plusieurs propositions de « mesures conservatoires » dans le cadre de la négociation sur la réforme du marché du travail lancée par Michel Sapin. Celles-ci entendent faire face aux déficits de deux régimes de retraites complémentaires : l’Arrco et l’Agirc.

Parmi les dix mesures annoncées, trois d’entre elles sont particulièrement préoccupantes :

  • Le gel des pensions de retraites pendant trois ans (ou une revalorisation inférieure à l’inflation pendant 5 ans).
  • La fin de la retraite sans pénalité à 62 ans. La proposition formulée prévoit que tout salarié ayant cotisé suffisamment et prenant sa retraite avant 65 à 67 ans (selon les générations), voit sa pension complémentaire baissée de 10 %.
  • La réduction du champ des bénéficiaires de la pension de réversion (à plus de 60 ans, alors qu’aujourd’hui la limite est fixée à 55 ans). La baisse du montant des pensions de réversion de 60 % à 54 %.

Combinant stagnation des pensions et retardement de l’âge de départ à la retraite, le Medef porte un coup d’une violence inouïe au portefeuille des salariés.

La réforme des retraites menée par Sarkozy ne semble pas lui avoir suffit. Après avoir obtenu la suppression de la retraite à 60 ans, le Medef se bat pour la remise en cause de la retraite à 62 ans. La logique de cette réforme est bien connue : pour « sauver » le système des retraites, chacun devrait travailler plus longtemps. Au lieu de répartir les efforts justement, le Medef veut faire payer aux seuls salariés les conséquences d’une crise dont ils ne sont pas responsables.

La stagnation des pensions de retraites n’est pas non plus acceptable, particulièrement dans un contexte où la crise pèse sur le pouvoir d’achat,. En effet, la situation de nombreux retraités est déjà préoccupante : leur niveau de vie médian est en baisse (- 1,1 % par rapport à 2011) et le taux de pauvreté des retraités est même en progression de 0,3 % par rapport à l’année dernière, s’élevant 10,2% (INSEE).

Les causes de la dégradation de la situation financière de l’Arrco et de l’Agirc devraient pourtant pousser le Medef à avoir une analyse différente de la situation. En effet, cette dégradation est d’abord imputable au chômage de masse chronique, résultat de la faillite du système capitaliste : la suppression d’emplois conjuguée à la stagnation des salaires ou encore à la précarisation croissante de l’emploi à conduit à une baisse des cotisations, et donc des recettes.

En faisant de la lutte contre le chômage sa priorité, le gouvernement œuvre donc au redressement des comptes des caisses de retraite. Le rétablissement de la retraite à 60 ans pour les salariés ayant suffisamment cotisé montre également que le gouvernement rejette en bloc l’analyse du Medef et entend redresser les comptes des caisses de retraites tout en améliorant le sort des salariés. En effet, une politique alternative peut être menée dès maintenant pour résorber ces déficits. Dans cette optique, les jeunes socialistes proposent plusieurs pistes qui visent à élargir l’assiette des prélèvements.

Nous proposons la double modulation des cotisations employeurs en fonction des bénéfices de l’entreprise et selon sa politique d’emploi, ainsi que la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG (Contribution Sociale Généralisée) pour plus de justice fiscale. L’objectif est de renflouer les caisses des retraites en pénalisant les entreprises qui ont recours à des contrats précaires et rémunèrent faiblement leurs salariés. Nous proposons également la mise à contribution revenus exonérés de cotisations patronales tels que l’intéressement, la participation ou encore les stocks-option. Nous sommes favorables à la taxation des revenus financiers des entreprises (à hauteur égale des cotisations autres), qui rapporterait près de 10 milliards d’euros

Face à ce refus du Medef de négocier et ses propositions, avant même l’ouverture des négociations, de mesures dangereuses pour les salariés, les Jeunes Socialistes attendent du Gouvernement qu’il continue à envisager sérieusement l’hypothèse d’une loi en cas d’échec des négociations sociales.

MJS