Parmi les films à l’écran ces jours-ci, Populaire mérite surement toute notre attention. Il raconte l’histoire d’une secrétaire douée qui tape à la machine plus vite que toutes les autres. Son don va l’amener à participer à des championnats de dactylographie, et trouver le grand amour… Rien de bien intéressant a priori dans ce film, sauf cette histoire de dextérité et de vitesse de frappe. Car elle cache un vaste gisement de productivité, en France et dans le reste du monde.
Combien d’entre nous ont, en effet, appris à taper sur un clavier? 1%? 2%? Et pourtant, dans une France massivement passée du coté des secteurs tertiaires, des sciences de l’information ou de la saisie de données clients, la vitesse de frappe est un élément majeur de productivité. Pensez à toutes ces heures passées par les téléconseillers, guichetiers, standardistes, informaticiens, secrétaires, traders, opticiens, etc. à taper de manière bancale, à des vitesses ne dépassant pas une dizaine de mots à la minute, là où il leur serait possible de dépasser trente ou quarante mots à la minute, à la grande satisfaction de leurs clients ou de leurs employeurs?
Sans compter que, savoir taper sans regarder le clavier, cela permet de corriger plus vite ses fautes d’orthographe, de se débarrasser de ces fatigants va-et-vient visuels de l’écran au clavier, cela évite rtous les petits désagréments dus à une technique incorrecte (canal carpien et autres douleurs articulaires), bref cela n’a que des vertus, trop souvent ignorées…
J’ai tendance à considérer qu’il y a quatre catégories d’être humains, quand on parle de frappe au kilomètre:
- Les ignorants, ceux qui n’ont jamais connu un clavier de leur vie. Dans nos contrées, ils ont plus de 60 ans pour la plupart, mais il ne faut pas sous-estimer cette population, qui mériterait qu’on leur consacre un peu plus de notre temps à maîtriser cet art qui les rebute, souvent par préjugé
- Les débutants. On y trouve la quasi totalité de la population mondiale. Qu’ils aient touché leur premier ordinateur il y a un jour, un an ou dix ans, leur vitesse de frappe n’a pas évolué. Agissant le plus souvent avec un seul doigt de chaque main, ils ralentissent l’économie mondiale à une échelle qu’il serait temps, un jour d’évaluer.
- Les artistes, dont je fais humblement partie. N’ayant jamais suivi de cours, nous avons développé notre vitesse de frappe à force d’entraînement, mais nos bases ne sont pas solides. Certains doigts couvrent la moitié du clavier tandis que d’autres se limitent à une ou deux touches. Nous atteignons des vitesses de frappe honorables, mais au prix de réels efforts: les fins de journées sont harassantes pour nos extrémités.
- Les professionnels de la frappe. Ils ont tout mon respect. Placez une couverture sur leurs mains, ils continueront à taper droit, sans erreur, enchaînement les textes au kilomètre. Ils retrouvent n’importe quelle touche sur le clavier même les yeux bandés. Seul un changement de clavier d’AZERTY en QWERTY peut les perturber (étrangement, la catégorie précédente s’adapte mieux à de tels changements).
Pour une telle disparité de profils? Parce que jusqu’à présent, ce sujet n’a intéressé aucun ministre de l’éducation nationale, aucun responsable universitaire, aucun directeur d’école: l’apprentissage de l’informatique et de l’ordinateur se contente d’être un apprentissage de Windows ou du web, et l’on néglige d’apprendre à nos enfants l’art de la frappe rapide et élégante sur un clavier d’ordinateur.
Alors si je peux prodiguer un conseil à mes lecteurs, en ce début de semaine, c’est bien de se lancer dans l’art de la dactylographie. Une dizaine de minutes d’entraînement par jour pendant un mois suffit, soit environ trois heures de leur temps, pour devenir un athlète de la frappe. Il existe quelques programmes gratuits, accessibles en ligne, qui permettent de s’exercer et de progresser rapidement, ce serait vraiment dommage de ne pas en profiter. Et peut-être participerez-vous, un jour, à des concours de dactylographie vous aussi…