[INSOLITE] Les jeux vidéo en meccano

Imaginez-vous. Il est 11h00, le soleil vient darder ses rayons protecteurs et chaleureux sur votre verre de Scotch matinal (ou votre bol de Nesquik) lorsque parcourant d'un oeil négligé les nouvelles du jour, vous vous étranglez à la vue d'un article sur la course aux jouets de Noël. Bien-sûr, ces marroniers - nom que les journalistes donnent à un article ou un sujet de journal télévisé qui revient chaque année et sans changement par rapport aux années précédentes - ne vont cesser d'envahir nos journaux papiers, tablettes et autres écrans à l'approche des fêtes, mais il y a parfois des informations dont on aimerait se passer.

La dernière en date concerne, indirectement, les jeux vidéo. C'est en lisant ce matin cet article que j'ai appris que la société meccano, commençant à être excédée que les morveux de tout âge préfèrent jouer à Angry Birds qu'à Bob le Bricoleur, avait fait un partenariat avec certains éditeurs de jeu vidéo afin de renouveler sa gamme de produits et lancer une toute nouvelle collection. Jusqu'ici, rien d'anormal, puisque si les LEGO ont investi le secteur bien des années auparavant (dans les deux sens désormais), ce n'était qu'une question de temps avant que les meccano ne s'y mettent. Là où le résultat est plus étonnant, c''est dans le choix des héros ou licences. Vous serait-il, vous, tout de suite venu à l'idée de prendre comme hérauts de votre nouvelle orientation, Sonic, les Lapins Crétins et... Gears of War ?

Pour le hérisson, ce choix s'explique aisément puisqu'il entre dans une politique de publicité commune pour le jeu Sonic & Stars Racing Transformed. Ainsi, meccano adapte ici le principe séculaire qui veut "qu'un marmot voudra toujours un circuit de voiture/train sous le sapin même si ce sont ses parents qui passeront leurs derniers jours de congés à essayer de le construire et qu'il n'y retouchera plus jamais de toute l'année". Sales gosses, va. Pour les Lapins Crétins, là aussi, la raison est toute trouvée. La mascotte d'antan n'ayant encore son droit de cité que chez les plus jeunes désormais, le public ciblé et les constructions proposées sont en parfaite adéquation. En revanche, qui a eu, et je pèse mes mots, l'excellente idée d'introduire les gros bourrins (mais efficaces, vidéoludiquement parlant) de Gears of War chez meccano ? On sait bien que le PEGI n'est qu'un instrument purement consultatif et qu'il n'est vérifié que par trois vendeurs en France, mais tout de même. S'inspirer d'une licence où chaque jeu est déconseillé aux moins de 18 ans pour en faire les nouvelles coqueluches d'une série de jouets de constructions pour des enfants entre 8 et 16 ans... Vite, appelez Claire Gallois !

D'aucuns me répondront que G.I Joe n'étaient pas forcément des enfants de coeur, chose que j'admets, toutefois je leur rétorquerai que je n'ai encore jamais vu Action Man et les autres héros de mon enfance démembrer leurs ennemis avec une tronçonneuse. Et c'est non sans impatience que j'attends donc la nouvelle collection de Polly Pocket à offrir à ma petite nièce "Polly Pocket à Silent Hill !" ou la peluche Super Meat Boy qui saigne quand on lui appuie sur le ventre. Cela va faire un tabac dans les cours de récré j'en suis persuadé. Attention, qu'on ne se méprenne pas, je n'ai rien contre ces jeux, j'en suis moi-même friand et je leur reconnais bien des qualités vidéoludiques, néanmoins il y a une subtile différence entre aimer un jeu qui est reconnu comme violent et en faire la mascotte de toute une gamme de jouets.

Et sinon, si avant de s'offusquer devant chaque incartade de journaliste inculte confondant causalité et corrélation, on se prenait en main et qu'on apprenait à mettre dans les mains de chacun des produits adaptés à son âge, le monde serait peut-être plus beau, non ?