Relancer la croissance, créer des emplois, augmenter le pouvoir d’achat et réduire les déficits publics, les grandes promesses du candidat Sarkozy ne peuvent qu’être partagées par le plus grand nombre, tant elles est sont consensuelles et apparaissent de bon sens. Mais voilà, onze mois après son élection, celui qui affirmait vouloir agir vite est en train d’échouer sur tous les plans.
Pire, après avoir ouvert dès son arrivée à l’Elysée les vannes en dilapidant 15 milliards d’euros sans résultat tangible autre que de creuser encore un plus de déficit budgétaire, le président de la République se voit aujourd’hui contraint de serrer la vis et de réduire les dépenses tous azimuts. Avec pour objectif de 6 à 7 milliards (soit la moitié de ce qui a été dilapidé en cadeaux fiscaux cet été…) d’économies cette année à en croire Le Monde. François Fillon peut bien répéter sur tous les tons qu’il n’est aucun cas question de rigueur, il ne trompe plus personne. A commencer par le Haut commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch, qui se prépare à voir son RMA enterré sans fleurs ni couronnes au motif qu’il est, selon le Premier ministre "trop coûteux". C’est vrai que trois milliards d’euros pour remettre les RMIstes au travail c’est exorbitant au regard des 20 milliards d’allégements de charges accordées aux entreprises et qui bloquent les salaires à 1,4 SMIC !!!
Mais pendant que le PS se divise sur texte de sa propre motion de censure (vu comme c’est parti on attend avec impatience le congrès…) et se contente d’affirmer que le gouvernement prépare un plan de rigueur, les organisations syndicales apportent la preuve que cette rigueur est déjà là. Ainsi François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, explique-t-il chiffres à l’appui dans Les Echos qu’ "entre les 35 000 suppressions d'emploi et la faible hausse des salaires, pour la fonction publique, la rigueur est déjà là". Et d’ajouter que le gouvernement en plus d’être dogmatique au point de confondre, pour reprendre l’expression de François Fillon, "gestion sérieuse" et suppression de postes dans la fonction publique, le fait arbitrairement et sans concertation : "les fonctionnaires n'ont pas du tout été associés à l'évaluation des politiques publiques alors qu'impliquer les salariés et l'encadrement dans ce type de démarche est le BA-Ba du management". Preuve de l’absurdité de la situation, le leader syndical assure : "nous sommes à la veille d'un conseil de modernisation des politiques publiques décisif et je rencontre des responsables d'administration et même des ministres qui ne savent pas ce qui va se passer !"…
Et François Chérèque, que l’on ne peut pourtant pas qualifier de va-t-en guerre permanent de mettre en garde le gouvernement : "cette méthode incroyable crée une situation très anxiogène dans la fonction publique. Ajoutez-y la question des retraites des fonctionnaires et la rigueur salariale, cela constitue un cocktail explosif, qui rappelle 1995 ou 2003"… Et dire que dans un mois on fêtera les 40 ans de Mai 68.