De cape et de crocs, T9 : Revers de fortune - Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

Par Belzaran


Titre : De cape et de crocs, T9 : Revers de fortune
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2009


« Revers de fortune » est le neuvième et avant-dernier acte de « De Cape et de Crocs ». On se rapproche ainsi du dénouement de la grande saga née de l’imagination d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le scénario du premier et les dessins du second nous enchantent depuis plus de quinze ans. Cet ouvrage est paru en 2009 chez Delcourt dans la collection « Terres de Légendes ». Il se compose d’une grosse quarantaine de pages et a un prix proche de quatorze euros. La couverture est dans des tons verts et sombres. On y découvre un de nos héros, l’arme à la main et le regard haut. Au second plan, on trouve trois de ses amis l’air apparemment abattus. Au fond, apparait un moulin. Est-ce à dire que la quête des héros s’apparente à celle perdue de Don Quichotte ? Il ne reste plus qu’à se plonger dans la lecture pour le savoir.

Le synopsis de ce nouvel épisode proposé par la quatrième de couverture est le suivant : « Les légions du sinistres Mendoza ont investi la capitale sélénite. L’infâme prince Jean est désormais le maître absolu de la Lune. Pour les rares rescapés de l’armée royale, tout espoir semble anéanti. Tout espoir ? Voire. Car il est une chose que Monsieur de Maupertuis et ses amis ont su conserver intacte dans le désastre : leur panache. »

Avant d’entrer davantage dans le cœur du sujet de cet album, je me dois de préciser que « Revers de fortune » s’inscrit dans une grande épopée. Il est indispensable d’avoir lu les huit actes précédents pour pouvoir y plonger sans risquer de se noyer. Au moment, de commencer ma lecture, j’avais laissé les héros dans une situation bien délicate. Le combat pour protéger le roi de la Lune de son terrible frère et de son horrible bras droit avait été perdu. Certains des protagonistes apparaissaient touchés au plus profond de leur chair. Tout semble perdu. En ce sens, on a avait fini notre lecture touché. J’étais donc plein d’espoir à l’idée de découvrir la suite. Il devait s’agit de la remontée. Nos héros devaient se relever et mener un dernier combat pour sauver la Lune. Ce n’était pas rien !

Cet album est donc plein d’espoir. On voit l’obscurité dans laquelle s’était clos l’opus précédent s’éclairer quelque peu. Les héros construisent leur élan sur le panache qui les caractérise tant. Ainsi, ils se relèvent et décident de tenter l’impossible. Cette reprise en main nous prend les tripes. On est ému de vivre ces moments. Cet instant est toujours très agréable que ce soit au cinéma ou dans la littérature. On a touché le fond, on décide de rebondir. C’est cet aspect qui habite « Revers de fortune ». Son atmosphère diffère donc de celle qui envahissait le précédent acte. L’enthousiasme nait rapidement, tout semble possible. Cela génère une ambiance enivrante et pleine de vie. L’empathie qu’on ressent à l’encontre des protagonistes prend toute son ampleur et offre une lecture particulièrement prenante.

Concernant le scénario, il est une nouvelle fois dense et habilement construit. Le premier tiers nous présente un état des lieux assez piteux de nos héros. On y découvre l’essence qui fera naitre la rébellion. Dans un second temps, plus optimiste, on voit la marche en avant de ceux qu’on croyait vaincu. La dernière partie marque la bataille irrémédiable pour la fin de l’oppression. Tout cela est classique dans les grandes lignes. Mais le talent d’écriture d’Ayroles fait que chaque scène est mémorable et que nombre de répliques sont amenés à être cultes. La capacité de l’auteur à écrire des dialogues de cette qualité est un véritable hommage au théâtre qui habite chaque page de la série. De plus, le côté épique que génère le panache permanent des héros font de notre voyage littéraire une véritable épopée mythologique !

Les dessins de Jean-Luc Masbou accompagnent toujours aussi parfaitement les aventures de tout ce beau monde. Son style participe pleinement aux variations d’ambiance qui naissent de notre lecture. Les débuts habités par le désespoir sont bien transcrits par le trait de Masbou. Les pérégrinations du maitre d’armes dans des forêts vierges sont également criantes de réalisme malgré la dimension fantastique de l’histoire. Je ne vous listerai pas tous les moments et les caractéristiques de chacun. Cela a peu d’intérêt et vous gâcherait la découverte. Mais sachez que le voyage vaut le détour. 

En conclusion, « Revers de fortune » offre une dernière marche avant le dénouement des plus réussies. Les dernières pages nous font comprendre que la fin est proche. Malgré cette issue à venir, les auteurs persistent à offrir un ouvrage d’une rare qualité qui participera au fait que « De Cape et de Crocs » marquera l’histoire du neuvième art des vingt dernières années. Je ne peux donc que vous conseiller de vous y plonger. De mon côté, il me reste à découvrir « De la Lune à la Terre ». Mais cela est une autre histoire… 

par Eric the Tiger

Note : 17/20