Khao: Riz San: Court Aux origines le quartier était celui des négociants de riz Ceux que l’on nomme aussi : Les maîtres du riz. Et puis le temps faisant son œuvre, c’est devenu le lieu de ralliement des voyageurs sac à dos. Le nom abrégé des initiés : KSR. Khaosan fait couler beaucoup d’encre, On aime ou, l’on déteste mais, dans tous les cas ne laisse pas le voyageur indifférent. Avec ce film/reportage Alexander SCHROTT réussît à en faire ressortir l’essentiel et surtout par sa caméra qui s’égare volontairement et longuement au-delà des clichés, donne un avant-gout de ce vous pourrez ressentir sur cette ville au nom le plus long du monde et qui ne dort jamais.
Il était écrit quelque part que celui qui ne s'était laissé perdre volontairement dans une de ces rues humides et chaudes n'aurait connu ni la peur ni l'amour. Quand vient le soir, nué de cafards, sorties de douches sous les moustiques voraces, le fan-air tourne bruyamment, émettant un bruit caractéristique au long rythme qui s'éloigne et se rapproche. De l'extérieur les cris, les voitures, va et vient des hommes et des femmes, marchés ambulants, rires... Toujours une sorte d'inquiétude à sortir dans ce chaos, il faut se pousser un peu, préparer l'appareil, le flash au cas où, c'était encore le temps de la pellicule, que choisir, 400 poussée à 800 évidemment, les 3200 ne passaient pas les aéroports. On mange à toutes heures dans ces gamelles invisibles, sous la flamme, les visages souriant comme par instant de lumière, on se découvre farang, les regards changent soudain. Il faut frôler comme un chat les murs, basculer des trottoirs énormes, voir sortir les rats aux pattes hautes. S'asseoir quand même sur les petites chaises d'enfants en plastique de couleurs vives devant ces sortes de table de camping avec baguettes, petite bougie et bol de soupe, toujours magnifique, un néon grouillant de bestioles fondantes, parfois des lampions joyeux, regarder ébahit se dégager l'amour de tout ce fourbi, méli-mélo, odeurs et fumées, jeunes couples en motos tournant autour de la ville en transe. Ces longues marches de nuit n'ont d'équivalentes que le rêve le plus beau, conte pour tous à emporter sur soi avant le retour à cette sorte de civilisation d'où l'on était issue, icône pour survivre ensuite à Paris. On avançait les pieds dans le noir sans trop savoir sur quoi l'on marchait, craquelant, grouillant, sur ce ruban qui mène au château des mystères, aucune réponse à trouver, les yeux comme des soucoupes, entendre et voir, emmagasiner le tout vite fait, les années d'études s'envolent, toute cette connaissance n'a plus aucun sens face à cela, comment ne pas échapper à cette vague de chaleur de bien être, on fondait, suait, perdait les dernières certitudes, vraiment d'aucune aide ici. Ce qu'il nous restait, le cœur de l'homme, pourquoi était-il venu avec ses grosses chaussures ici, pour quel projet ou vague prétexte, illusion qui ne dure qu'un instant. Bien entendu, on ramène quelques glorioles à brandir pour donner le change à son retour, épater la galerie. En fait de toute cette masse récoltée, au fond ne se souvenir que de cette rumeur étrange qui jamais ne prenait fin, le sommeil ne venait pas facilement dans ces lieux ou le soleil se couche à 18 heure pour faire place à ce théâtre qu'un créateur exceptionnel n'aurait pu imaginer plus beau, avec tant de possibilités renouvelées par magie, comme à chaque fois, les jours et les jours n'épuisaient rien, on trouvait le mouvement sans fin, le balancier infini, s'entrechoque les images et les sons. Bouddha par ici, temple par là. Se reposer là, sur un vieux muret, faire le point dans ce tournis, manège des grands rêveurs, était-on à la limite entre le réel et l’irréel, on ne se pose pas vraiment la question, on vit, respire le droit d'exister enfin, prendre quelques miettes du paradis pour oiseaux de couleurs, voix aigrelettes, musique sortant d'on ne sait trop quelle sono poussée à bloque, le sirop thaï , la langue qui glisse à l’intérieure de vous comme un baume de l’enfance, qui vous soignerait de tout, et il vous soignait de tout. De tout ? De tout. On oublie les angoisses maladives des collèges gris, des violences, des profs maladroits, des désespoirs verlainiens, être compris. On l’était ici, quelques moqueries cependant, il faut accepter. Douce voilà ce qu’était la nuit, à nouveau croire à quelque chose de tangible, de vérité sévère. Pas la peine de la partager, la solitude n’était que fruit à récolter, tout ce temps qui affluait nous redonne la foi des floués. François Montagnon © Ta-Nõn.FM.Paris 2007-2008 All rights reserved Le blog : THANON
Rare : Clip musical très esthétique sur un Bangkok désert
Lettre de la solitude