Mesdames l'aventure

Publié le 03 avril 2008 par Moushette
Cette belle chanson de Cabrel me rappelle l'époque, peu de temps après que nous soyons rentrés en France, où je pensais beaucoup, sans doute trop, à la mère de naissance de mon fils. Je lisais des livres sur le sujet, "les mères de l'ombre", j'avais une boule au fond de la gorge, à l'idée de ne jamais la connaître, de ne jamais pouvoir lui dire merci, de ne jamais pouvoir montrer une photo ou une lettre d'elle à mon fils. Et de ne jamais pouvoir lui dire de continuer à vivre heureuse, puisque Nishal, lui l'était.
J'ai créé mon premier site sur Nishal pour elle, au cas où, par le plus grand des hasards, un jour elle prenne un clavier et tape sur google "adoption nishal". Pour qu'elle voit que ce garçon sorti de son ventre grandit heureux, qu'il est beau, et qu'il profite de tout ce qu'il y a de mieux.... J'ai passé certaines nuits d'insomnie à chercher internet une quelconque trace d'elle.... Mais rien, bien sûr, c'était couru d'avance, mais je me devais d'essayer....
Et puis avec le temps, cela a un peu passé, et lorsqu'au dernier anniversaire, j'ai bien vu que Nishal n'en avait pas grand'chose à péter, j'ai "lâché" un peu sa main dans ma tête. Mais il suffit d'un reportage sur Arte en Inde, avec les larmes des mères de celles qu'on lui a prise, pour que je reprenne sa main dans la mienne.
Il suffit aussi d'un poète français et de son piano. Que fait-elle, a-t-elle eu ses enfants "à elle", a-t-elle eu un fils aussi formidable que le mien ? Et l'ombre qui a donné naissance à Scarlett, comment vit-elle avec le souvenir de Scarlett ? Si seulement elles savaient, les "je t'aime" du matin et du soir, les câlins, les sourires, les yeux pétillants, les chansons, les rires, les jeux et les goûters copieux, bref tout le bonheur que dégagent mes enfants, et qui nous comblent, nous les parents pour toujours....
Mais non elles n'en savant rien. Elles doivent simplement se demander si mes enfants sont encore vivants et heureux. Quel lourd fardeau pour ces femmes, qui contraste cruellement avec mon bonheur de mère, en toute culpabilité....