Il y a une dizaine de jours, Catherine Lara a sorti dans les bacs un nouvel album intitulé Au cœur de l’âme Yiddish.
Ce disque reprend ses plus grands titres, accompagnés du Sirba Octet, afin de leur donner une couleur différente. Comment est né cette idée et comment s’est fait le travail ?
Voici quelques-unes des questions que j’ai eu le plaisir de poser à l’artiste lors d’un entretien réalisé il y a peu. Bonne lecture.
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Bonjour Catherine,
Votre nouvel album est sorti il y a très peu de temps, comment se sent-on lorsque son « bébé » appartient désormais au public ?
Depuis le temps que je sors des albums, je ne me suis pas habituée à cette sortie. Il y a toujours un petit quelque chose, comme un côté Noël (rires). C’est touchant de sortir un nouvel album, on est comme suspendu à une branche et on attend de savoir si on va en descendre, ou si on reste dessus.
Comment définiriez-vous cet album qui n’est pas simplement un disque de reprises ?
Je dirais que c’est un hommage aux chansons qui m’ont porté chance. Que ce soit Nuit magique, Yohann, Avant le petit jour ou encore La craie dans l’encrier, que j’ai chantée dans absolument tous mes concerts. Ce sont mes petites étoiles tombées du ciel et je leur devais un bel hommage.
Pouvez-vous nous parler de votre rencontre avec cette fameuse âme yiddish ?
J’ai toujours aimé la musique de l’Europe de l’Est. Mon sang n’est pas juif, mais l’âme de mon violon l’est. Le violon, c’est le symbole de la musique juive, ne l’oublions jamais, et instinctivement, j’ai toujours été attirée par ce qui est ashkénaze. Au fond, j’avais quelque chose à donner au peuple juif qu’on a fait tant souffrir. Et quand j’entends la version de Yohann, je me dis « pourquoi elle n’a pas été orchestrée de cette façon-là depuis le début ? ». Elle est faite pour être accompagnée par cette musique, parfois faussement gaie, et parfois vraiment triste. Il y a toujours une nostalgie profonde dans cette musique.
Et celle avec le Sirba Octet ?
C’est une rencontre extraordinaire entre Richard Schmoucler, qui est le leader de ce groupe et Cyril Lehn, qui est l’orchestrateur de mes chansons. Il y a des rencontres très fortes dans la vie, et celle-ci l’a été. Richard est un garçon très sensible, c’est un être entier. Quand j’ai rencontré le Sirba Octet, qui est un ensemble qui joue dans le monde entier, je me suis dit « jamais on aura les moyens de s’offrir cet orchestre ». On ne les avait pas, mais eux, nous ont donné les moyens de le faire. Il n’y a pas eu beaucoup d’argent, mais ils ont fait ce disque avec amour pour les chansons, et on a aimé la rencontre humaine. On voulait vraiment mélanger nos cultures musicales. Ce sont des virtuoses qui sont presque tous à l’orchestre de Paris et qui ont aussi ouvert leurs portes aux musiques du monde. On a le même but ensemble, aller sur scène pour jouer ce spectacle.
Revisiter ses chansons, est-ce un réel plaisir ou c’est compliqué de lâcher la version originale ?
Non, c’était un immense plaisir, car d’abord je n’écoute pas ce que je fais, donc ces chansons, je les ai redécouvertes comme si elles devaient avoir été arrangées comme ça depuis toujours. Il y a eu une alchimie entre les mélodies de mes chansons et ces arrangements-là, c’est un mariage heureux.
Comment s’est fait le travail entre le Sirba Octet et vous ?
Ca s’est fait très vite. Moi, je reproche à la musique aujourd’hui d’être aseptisée, bien propre sur soi etc… Et moi, j’aimais la musique un peu cash où on joue, tant pis s’il y a une petite fausse note, c’est de la musique d’instinct et de l’âme. Là, on a répété 3 jours, on est rentrés en studio 3 jours, et le disque était fini.
Il y a aussi un duo avec Mathilde Seigner sur Le dos au mur, écrite par son père, c’était une évidence de l’inviter ?
C’est plus une participation. Cette chanson a été écrite pour elle par son père, c’est un très beau texte et j’avais envie que Mathilde vienne poser sa voix, son talent de comédienne et son émotion. Et je trouve qu’elle l’a fait merveilleusement.
Vous parliez de petites étoiles pour vos chansons, il y en a eu d’autres dans votre carrière, auriez-vous aimé pouvoir en mettre plus sur ce disque ?
Bien sûr. Là aussi, je vais être cash, car je le suis toujours. Malheureusement, aujourd’hui les budgets sont très restreints. Moi, j’aurais bien fait 20 chansons mais nous n’avions pas les moyens, on a donc fait avec nos moyens, qui n’étaient pas pauvres mais qui n’étaient pas très riches non plus. On a donc fait 10 titres, et j’ai offert à Richard, qui a été très généreux avec moi, de jouer un de ses morceaux favoris, qui est le dixième titre.
Vous allez proposer cet album sur scène, vous avez déjà une idée de ce à quoi cela va ressembler ?
Et bien ça sera le Sirba Octet et moi. Le Sirba interprètera certains de ses morceaux et il m’accompagneront aussi sur mes titres. Il n’y aura pas une première puis une seconde partie, on va avoir un concept ensemble. Ca sera un spectacle uni entre eux et moi.
Le Mediateaseur remercie Catherine Lara pour sa simplicité et la gentillesse qu’elle a eue à notre égard. Si vous êtes sur Paris les 12 et 13 avril prochain, n’hésitez pas à aller l’applaudir à L’Alhambra.
En attendant, son album Au cœur de l’âme yiddish est toujours disponible dans les bacs. L’artiste vous a également laissé un petit message à écouter ci-dessous.