Ces deux derniers jours auront été forts en émotions, vous pouvez me croire. Il y a quelques jours, Anaïs, une au pair montpelliéraine fraîchement arrivée sur Manhattan après une rematch sur Boston, me raconte qu’elle a rencontré un musicien très sympa dans le bus, qui joue tous les mercredis soirs à l’American Bar sur la 1st Avenue. Le mercredi suivant, donc, alors que je promenais Medor dans une ruelle sombre de l’Upper West Side, je propose à Anaïs, que j’avais au téléphone – oui parce que c’est très ennuyeux de promener un chien vous savez… - d’aller faire un petit tour dans ce fameux bar pour voir jouer son nouveau buddy. Un accord est conclu et nous voilà parties (sans le chien), direction l’autre bout de l’île. Arrivées là-bas, on commence déjà par demander notre chemin parce qu’on n’avait pas d’adresse précise. Evidemment, la moyenne d’âge du panel étant d’au moins 60 ans, on a eu du mal à trouver notre guide. Mais après un coup de fil salvateur de notre musicien, on a finalement réussi à trouver l’entrée du bouiboui. C’était un petit bar sympathique, très sombre, où résonnait une musique très entrainante. J’ai été au bar pour commander nos boissons (ah oui, Anaïs est under-age et donc n’est pas censée consommer de l’alcool… ouh la vilaine.) et soudain, le mec à côté de moi se met à insulter le téléviseur qui passait un match de basket. Un peu intriguée, j’ai regardé autour de moi et me suis retrouvée nez à nez avec une armoire à glace américaine, d’au moins 200lb, qui me dit d’un ton quelque peu alcoolisé : « C’est mon beau-frère… ma sœur vient de le larguer, le pauvre. Mais il est gentil en vrai, hein ! ». A partir de ce moment là, et trois verres de Tequila Sunrise – gracieusement offerts (par qui déjà ?...) – plus tard, nous nous étions déjà fait 6 nouveaux copains accoudés à notre table, j’avais déjà rencontré le cuisinier du bar (ne me demandez pas par quel miracle…) – qui soit dit en passant m’a spécialement cuisiné et offert des chicken wings parce que « j’avais faim » –, j’étais déjà allée pisser 7 fois, j’avais déjà dansé sur Jimmy Hendrix et vu le sosie de Bradley Cooper – en moche. A deux heures du matin, une partie de mon cerveau est revenu à la raison, me criant qu’à 6.30am, le réveil serait violent. En effet. Sauf qu’il a finalement été à 7am… par ma host, un peu énervée inquiète de ne pas voir le petit déjeuner des filles sur la table. Oops.Bilan de la soirée : (quelle soirée ?) ...
Aujourd’hui, mes hosts m’ont invité à un Gospel Musical dans le mythique Harlem. Mama, I Want to Sing. Ma host avait fait une collaboration avec la créatrice de l’association il y a quelques temps de cela et l’émission réalisée avait remporté trois Emmy Awards en octobre dernier. I swear. Ce soir, ma host et son équipe de tournage a donc remis à cette femme un des trois Emmy remportés. Des larmes. Des cris de joie. Des prières. Des baisers. La bonne vraie émotion à l’américaine, vous voyez. La même que chez nous… mais en plus intense quoi. On a même parfois du mal à y croire. Cela dit, l’Américain reste malgré tout incroyablement émouvant dans ces moments là. Rrr. C’est quoi leur secret, bon sang ?! Le spectacle a duré trois heures. Je n’ai pas vu le temps passé. J’ai été transportée pour la musique et l’ambiance dès la première minute.
Le gospel, c’est un monde à part entière, une dimension parallèle. Les gens se lèvent, dansent, chantent, frappent dans leurs mains, crient très fort, parlent tout seuls. Ils sont littéralement en transe. Et le pire, c’est qu’au fil des minutes – vous aussi – vous vous déconnectez du monde réel, vous êtes obsédés par la musique, vous avez l’impression d’être seuls au monde. Et vous vous rendez compte que – vous aussi – vous êtes entrain de sauter dans tous les sens, de faire des petits ouuuh en plissant les yeux de bonheur lorsqu’un des chanteurs fait une prouesse vocale, que… enfin bref, c’est contagieux cette joie de vivre. And I liked it.
Après avoir rencontré tout le gratin à la fin du spectacle (merci host mom) et glissé innocemment par-ci, par-là que je suis comédienne à mes heures perdues, je suis ressortie de l’église, un sourire niais aux lèvres, encore deeply émerveillée par ce que je venais de vivre, bien décidée à – moi aussi – entrer dans cette école de Gospel. Bon. Je vous arrête tout de suite, je ne sais absolument pas chanter. Mais le show m’avait tellement transportée qu’après ça, j’aurais été capable de tout faire. J’ai même demandé des informations à ma host sur cette école et tout. Nan mais je vous jure… n’importe quoi. Mais bref. J’ai passé un moment magique (« gigantuous » comme disent mes twins) que je n’oublierais sans doute jamais. Voilà… c’est aussi ça l’aventure New York City.
Et la magie opère toujours.