La polémique sur Amazon reflète les lacunes et les défauts de notre politique économique, et permet d'identifier des réformes à mener.
Par Vladimir Vodarevski.
D'abord, Amazon est critiquée car elle s'installe dans des pays à fiscalité réduite. La France veut taxer la société. Il ne nous viendrait pas à l'idée, à nous Français, de diminuer la pression fiscale et sociale sur les entreprises pour favoriser leur développement, et donc l'emploi, et donc, au final, les prélèvements fiscaux et sociaux. Les entreprises sont considérées comme des vaches à lait, qui ont le devoir de financer l'Etat et le système social. Nous ne pensons pas qu'au final, c'est nous qui payons, de deux manières. D'une part, le poids des prélèvements et des réglementations dissuadent des entreprises d'investir, de se développer, de créer des emplois. D'autre part, c'est au final nous qui payons. Les prélèvements sociaux ont pour base les revenus, même quand ils sont demandés aux entreprises, puisque la base en est le revenu, donc le salaire.
Amazon est également critiquée en raison des subventions que cette société reçoit pour la construction de nouveaux entrepôts en France et les créations d'emplois associées. C'est là le serpent qui se mord la queue. Pour se développer, les entreprises ont besoin d'un environnement favorable. La France a choisi d'avoir des prélèvements élevé sur les entreprises, ainsi qu'un cadre réglementaire contraignant. Mais elle offre aussi différentes exonérations fiscales ainsi que des subventions, aux entreprises qui se développent. Par conséquent, une entreprise installée dans un pays à la législation et à la réglementation plus favorables à son développement pourra plus facilement bénéficier des aides offertes par la France. Une politique plus intelligente serait de supprimer toutes les aides et subventions, et d'alléger en contrepartie la pression réglementaire, fiscale et sociale. Les entreprises françaises pourraient se développer, et les entreprises étrangères ne bénéficieraient plus d'avantages.
Un autre point intéressant est celui des secteurs protégés. Dans le quotidien Les Echos du jeudi 6 décembre 2012, il est écrit :
« Le commerce n'est pas un secteur protégé de la mondialisation, explique le dirigeant d'un grand groupe. Contrairement à ce qui a été longtemps dit, il est délocalisable et cela va aller beaucoup plus vite que pour l'industrie, car en matière de distribution, les besoins en investissements sont moins lourds. »
Les secteurs dits protégés peuvent être réglementés et taxés à tout va selon l'idéologie dominante. Cependant, existe-t-il réellement des secteurs protégés ? Cet article des Echos montre l'exemple d'un secteur dit protégé qui ne l'est pas. Mais, même pour, par exemple, le secteur des services à la personne, qui ne souffre d'aucune concurrence étrangère, le niveau des prélèvements n'influe-t-il pas sur le prix, et donc sur la pertinence économique? La notion de secteur protégé apparaît un peu absurde.
Enfin, une des récriminations des entreprises françaises portent sur la TVA. Un règlement européen décrète que la TVA sur les ventes via un vecteur électronique à un particulier est celle du pays du vendeur, cela jusqu'en 2015. C'est pourquoi les vendeurs sur internet sont installés dans des pays à TVA plus faible qu'en France. Cette disposition est une anomalie. Si un grand pays, avec beaucoup de consommateurs, comme la France, ne s'y est pas opposé, alors qu'il sait si bien défendre ses intérêt sur l'agriculture, la culture, les services, cela signifie qu'il ne croyait pas au développement des ventes via internet. Ce qui est en cause ici, c'est la capacité des dirigeants d'un pays à faire les bonnes prévisions, qui engagent des millions de gens. Est-ce réellement possible ? Des humains peuvent-ils être infaillibles ?
La polémique sur Amazon est donc un concentré de toutes les erreurs, incohérences, et partis pris idéologiques de notre pays. Ce qui est reproché à Amazon, c'est de choisir des pays plus favorables au développement des entreprises, de bénéficier des aides de la France car la société crée des emplois, de mettre à mal la théorie des secteurs protégés, et de révéler au grand jour les erreurs de prévisions de nos élites. Un dossier accablant s'il en est.
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