Production internationale, vouée à un large succès public, Le Renard S'évade à 3 heures a beau cumuler le talent de Vittorio de Sica (Mariage à l'Italienne, Le Voleur de Bicyclette) avec celui de Peter Sellers, il apparaît aujourd'hui bien fade. Malgré un scénario excitant, apte à échafauder des situations comiques toutes plus folles les unes que les autres, Le Renard S'évade à 3 Heures arrive en retard au rendez-vous de la réussite...
Après avoir entendu l'accent indien de Peter Sellers dans The Party, son accent français dans Quand l'Inspecteur s'Emmèle, voici son accent italien... Après les succès des deux premiers Panthère Rose et de Quoi de neuf, Pussycat ?, Peter Sellers se retrouve donc dans cette comédie américano-italienne, plus italienne au final qu'américaine. Son affiche ainsi que son générique d'ouverture, en dessin animé, rappellent l'univers de Blake Edwards, mais la comparaison s'arrêtera là, hélas. Dès les premières scènes, dès les premiers cabotinages de Peter Sellers, Le Renard S'évade à 3 Heures annonce la couleur : à savoir que le spectacle sera convenu, sans grande surprises et ne dépassera pas le niveau d'une simple commande, malgré De Sica aux commandes.
Peinant à trouvant son rythme, réalisé sans grande créativité et ne proposant que qu'une étroite gamme d'humour aux ficelles bien trop grosses, Le Renard S'évade à 3 Heures est loin de laisser l'empreinte de sa patte parmi les comédies 60's. S'il constitue cependant un gentil divertissement apte à remplir de justesse sa fonction, c'est quand même l'impassibilité qui guette le spectateur fatigué de sa journée, tant ce Renard ne tient pas, ou si mal, sa promesse de nous faire rire. Quiproquos faciles, déguisements, faux film et personnages peu épais, maladroitement écrits et mal exploités à l'image, peuplent cette comédie sur ce gangster qui se prend au jeu qu'il a lui même orchestré. C'est seulement au bout d'1 heure que le Renard se réveille un peu dans un final plus enlevé, enfin un peu animé, mais dont l'humour peine toujours à donner un peu d'exercice à nos muscles faciaux. La très belle séquence de la projection du film lors du procès, en revanche, laisse apparaître enfin un peu de De Sica dans le film, et dans un silence appréciable (après une course poursuite plus bordélique que drôle), apporte enfin une touche d'émotion et de vrai cinéma l'ensemble.
Simple témoin de son temps, c'est sans grand plaisir que ce renard se laisse attraper aujourd'hui. Comédie laborieuse et bien peu dynamique, elle se subit davantage qu'elle s'apprécie. Quand à la performance de Sellers, elle est loin de la finesse dont il est capable, et ses excès bien loin aussi de ses grands numéros clownesques. Un Peter Sellers peu inspiré, en pilotage automatique, un De Sica en simple technicien sous exploitant un scénario pourtant prometteur, font de Le Renard S'évade à 3 Heures une comédie aussi vieillotte qu'indigeste. Ca a peut être marché, à l'époque, mais aujourd'hui il se traîne le renard !
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