Je ne sais pas si c’est parce que l’action est volontairement effacée et morne, ou parce que je ne m’attendais pas à ce type d’histoire ou tout simplement parce que le style de Philipe Claudel n’agit pas sur moi: toujours est-il que je n’ai pas accroché à ce roman, j’ai eu un mal fou à le finir (haro sur la Mélu…). Je reconnais volontiers ses qualités: il nous décrit un univers gris, où la guerre, même si elle ne reste qu’un arrière-plan, laisse une empreinte insidieuse, amère, qui étouffe toutes les nuances, qui jette sur les gens cette grisaille permanente, au point que chacun revoit le sens de ses priorités, du bien et du mal. J’ai été touchée par l’histoire de Lysia, la jeune et taciturne institutrice qui regarde l’horizon enfumé par la guerre avec mélancolie tout en écrivant dans son cahier rouge. J’ai vécu avec horreur l’accusation du jeune soldat déserteur, devenu coupable tout désigné pour le meurtre de Belle de Jour et torturé d’une horrible façon pour lui faire avouer ce crime. Mais la manière dont l’histoire est racontée m’a perdue. Je pensais que l'on mènerait l’enquête sur la mort de Belle de Jour et elle ne devient que secondaire, un élément parmi tant d’autres. J’ai eu du mal à comprendre ce que le narrateur venait faire là et pourquoi son rôle était aussi peu exploité, lui aussi ne remplissant pas la fonction qu’il est censé remplir. J’ai eu du mal avec ce flottement permanent, cette narration floue presque sans dialogue et sans effet. C’est dommage car l’histoire a un vrai potentiel pour toucher, mais je suis passée à côté.
La note de Mélu:
Une note dure, mais pas mon style du tout.
Un mot sur l’auteur: Philippe Claudel (né en 1962) est un auteur français qui a reçu le prix Renaudot pour cet ouvrage. D’autres de ses ouvrages sur Ma Bouquinerie:
Catégorie “couleur”