[Critique Cinéma] Cogan

Par Gicquel

Une partie de poker illégale est braquée, les bas-fonds de la pègre sont menacés. La Mafia fait appel à Cogan pour trouver les coupables. Mais entre des commanditaires indécis, des escrocs à la petite semaine, des assassins fatigués et ceux qui ont fomenté le coup, Cogan va avoir du mal à garder le contrôle d’une situation qui dégénère…


"Cogan : Killing Them Softly" de Andrew Dominik

Avec : Brad Pitt, Scott McNairy, James Gandolfini

Sortie Cinéma le 05/12/2012

Distribué par Metropolitan FilmExport

Durée : 97 Minutes

Genre : Thriller, Policier

Film classé : -

Le film :

Interdit aux moins de 12 ans

C’est un film policier, sans aucun doute, qui donne un peu de fil à retordre à quelques malfrats égarés dans la délinquance. Mais dans le genre on a vu plus sanguinolent.

C’est un thriller made in USA, c’est une évidence, qui  file le parfait suspense au point de le rendre atypique. Mais il  le tient à hauteur des pâquerettes. L’intrigue importe si peu, qu’elle abat en effet ses cartes au premier coup de poker menteur. On ne va pas se battre pour quelques broutilles, pensent en chœur tous les protagonistes de cette mascarade cinématographique d’un nouveau genre, qui parle autant qu’elle  filme.

Un cinéma bavard, donc, mais à bon escient. A  l’action, il privilégie la négociation et une réflexion quasi biblique sur l’avenir des Etats-Unis. Les  débats télévisés entre Obama et Bush accompagnent  avec une certaine drôlerie, et une ironie certaine,  les pérégrinations de nos lascars : des chefs hésitants sur la manière d’éliminer des escrocs de seconde zone,  des tueurs à gages qui ne pensent plus qu’aux femmes et à l’alcool …Le  beau ramassis de la déchéance humaine que Cogan tentera de remettre sur le «bon » chemin.

Cogan c’est le bras droit du big boss, un beau gosse , athlétique et sain de vie , qui face à un tel défi ( il s’agit en fin de compte de relever l’Amérique) garde toujours la tête froide , même quand il lui faut sortir son flingue. Ce qu’il répugne à faire maintenant qu’il erre dans les hautes sphères du crime . Brad Pitt dans un tel personnage c’est du pain béni que le comédien ne se gêne pas de sanctifier aux bons soins d’un réalisateur qui le lui rend bien.

En adoptant un faux-rythme, Andrew Dominik  installe des montagnes russes, en forme  de moderato-presto pour toute une kyrielle de comédiens (Scott McNairy, Ray Liotta, James Gandofini) heureux de  jouer les roublards. A l’image de notre héros qui  dit préférer exécuter ses contrats à distance «  histoire d’éviter les sentiments ». Le panache et l’élégance mêlés, une distinction inattendue dans cette mise en scène toute cabossée.

C’est que l’Amérique ne va vraiment pas bien insiste  le réalisateur et scénariste, s’inspirant du bouquin éponyme de George V.Higgins. «  L’Amérique qui  n’est  plus rien qu’un business » confirme Cogan à l’avocat chargé de mener à bien les tractations avec son patron. Un homme de loi  aussi paumé et désabusé que ce gros nounours aviné et amoureux, qui autrefois était  l’un des tueurs à gages  les plus craints des USA. Cogan vient de lui donner sa dernière chance. Juste la dernière ! —–

En bref

Le film

Un film policier atypique, qui constamment joue sur un faux rythme nous donnant à voir quelques règlements de comptes entre truands, histoire de mieux parler de l’économie d’un pays qui n’existe plus. C’est surprenant, mais ça se voit sans problème.