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Grappillages 2012 (14) avec Olivier Duha

Par Mauss

Il neige sur Kaysersberg. Tout y est gemütlich. Les enfants qui regardent, yeux tout grands ouverts, les vitrines de gâteaux qui se succèdent de chaque côté de la rue principale. Olivier Nasti, au Chambard, me confirme que je partirai bien demain avec des Mennala (les petites gâteries de Noël) au cas où un arrêt de longue durée dû à une neige non évacuée pourrait compenser un appétit naissant. Le Franzele m'a discrètement mis dans le coffre du panzer une belle topette de la nouvelle étiquette Trimbach : un "Vieilles Vignes" qu'il me tarde de déguster.

Bref, on est prêt à continuer notre petit périple européen.

LECTURE

Probablement le plus lourd (en grammes) n° du Point, celui de fin d'année, tant les publicitaires font les yeux doux aux maisons de Champagne et abreuvent les lecteurs d'informations sur cette noble boisson. Bon point pour Dupont et Cie : une liste conséquente de petits producteurs indépendants où probablement on peut trouver quelques cuvées qui pourraient en remontrer, à l'aveugle naturellement, aux grands noms qui s'affichent clairement sur les avenues de Reims ou d'Epernay. Qui nous dira un jour comment se fait le miracle de Dom Pérignon dont le dernier millésime est d'une qualité rare, alors même qu'on dépasse largement le million, les 2 ou même 3 millions de flacons ?

Il faut visiter la Champagne pour comprendre à quel point cette région a connu (et connait toujours) une puissance de frappe économique peu commune. Avant l'Alsace, m'étant arrêté chez Roederer pour un mien ami italien, j'ai été plus que frappé par ces caves immenses, en pleine ville, cachées sous des bâtiments qu'on rabiboche luxueusement pour quelques tâches de bureau, d'embouteillage ou de stockage. Bref, les dédales, les cours, les escaliers, les passages de sécurité : plein de choses que les habitués connaissent par coeur alors que le visiteur de passage peut se perdre en un rien de temps. Bon : si vous avez une bonne moumoutte et quelques biscuits, se perdre dans les caves ici, c'est sûr : on n'y meurt pas de soif :-). Oui, oui, les "Cristal" sont là en bas, à gauche de la petite porte toute discrète finissant un escalier aux marches maousse. Je n'en dirai pas plus, n'étant point délateur attitré.

Entre les pages du Figaro (murmures de couloir : les Dassault le négocieraient aux Arnault) , celles du Point, et toutes les autres déjà publiées ou à venir, j'imagine que le budget "pub" de fin d'année des maisons de champagne doit représenter au moins 30 % sinon plus, du budget annuel. Du lourd de lourd ! Bordeaux : à la niche ? (© Dr Bonobo).

OLIVIER DUHA

Mais soyons plus sérieux. La couverture de ce n° 2099 du POINT a pour titre : "Ceux qui en ont marre". Vaste sujet français, on s'en doute. Les blogs de vignerons, de toubibs, de commerçants regorgent des lassitudes de tous les entrepreneurs, littéralement bouffés par des administrations pas vraiment méchantes, mais appliquant des règlements pondus par des "jenfoutres" qui n'arrivent pas, intellectuellement et physiquement, à se mettre une seconde dans la peau d'un créateur, d'un gestionnaire, d'un entrepreneur. Ils y voient d'abord un exploitant, un profiteur, un tricheur, avant d'y voir quelqu'un qui veut créer, foncer et oui, s'enrichir ! C'est simplement détestable comme approche.

Olivier Duha, qui fut donc un conférencier de tout haut niveau au dernier WWS à Villa d'Este (j'ai hâte de visionner le film complet de son séminaire avec Hubert de Boüard que finalisent mes deux potes vidéastes), explique un peu son humeur pages 92 et 94. Il n'y va pas avec le dos de la cuillère, et, c'est certain, ceux dont le cerveau est illuminé par l'assistanat ou le parasitage, feront la moue. Grosso modo, on dit à cette jeune génération de créateurs : "allez-y, créez, foncez, offrez du travail, versez des salaires, construisez. Laissez tomber votre vie privée, bossez 90 heures par semaine, mettez de côté votre vie privée, votre famille. Servez vous un simple smic et acceptez les impôts qu'on vous facture. Mais achtung ! Dès que vous aurez réussi, dès que votre création attirera des capitaux pour la développer vers de nouveaux sommets, alors là, acceptez d'être de vilains petits canards et d'être intégrés dans la catégorie si française des "vaches à lait".

Lisez ces deux pages. Elles s'appliquent à tant de nécessiteux qui ne comptent que sur autrui pour vivoter sans trop de soucis, parmi les multiples avantages de notre société issue des années 45 - 62. On ne connaît plus le sens du mot "mérite". On donne trop de poids au mot "droit" par rapport au mot "devoir".

Rappelez vous ce que je citai du sieur Charlopin, un des joyaux drilles de Gevrey : "Je ne critique pas les riches : je risque de le devenir". Bref : sortons des anathèmes éculés ! St Thomas d'Aquin : au vestiaire !

Sérieux : il n'est pas question d'annuler les grandes conquêtes sociales fondamentales comme la sécu. Mais il est temps pour nos dirigeants de rendre leurs électeurs bien plus conscients des gabegies qui conduisent tout droit le pays vers une ruine lente, désastreuse. Mais c'est tellement facile de s'en prendre à telle ou telle catégorie qu'on montre du doigt !

Je vous en prie : si ce sujet de société vous intéresse : achetez le Point, et lisez au moins, doucement, avec votre esprit critique naturellement, ces deux pages d'Olivier Duha. Froid dans le dos assuré.

sdcv

Olivier Duha, soirée Bristol Grand Cru avec le très "pince sans rire" NDR

VIN DE LUXE

N'ayons pas peur des mots, mais là encore, ce n'est que mon petit point de vue: au-dessus de € 50 la bouteille, on paie l'étiquette. Point. Ou, en termes plus brutaux :

Quelque soit le vin valant plus de € 50 que vous me servirez à l'aveugle, j'ai toutes les chances de vous faire déguster un cru à moins de € 50 que vous préfèrerez.

Qu'on se se méprenne point. On a bien plus de chances, statistiquement parlant, à fréquenter le chef d'oeuvre dans les hautes sphères de prix que dans le commun à moins de € 50. Et le producteur qui sait ce qu'il fait, saura vite profiter de l'enthousiasme des amateurs, si son vin frise les sommets. Ici, régulièrement, ayant beaucoup de chances via mes activités, je cite régulièrement des crus splendides totalement bluffant comme dernièrement ce Lafite-Rothschild 90 de toute beauté. Sans jamais oublier ce que peuvent apporter des Belluard, Bouland, Burgaud, Marionnet.

Parenthèses : J'attends encore et toujours de lire un propriétaire bordelais d'un classé qui parrainerait tel ou tel producteur en Loire ou Jura ou Alsace dont un vin l'aura botté ! Que ne voyons nous pas de tels parrainages ! Vous imaginez une seule seconde ce que pourrait apporter à un nouveau Bouland ou Tartenpion un article élogieux écrit par le ou la propriétaire d'un premier 1855 ?

Il n'empêche : tous ces grands noms ne sont pas toujours à la hauteur des attentes légitimes qu'on peut avoir pour de tels prix à payer. Mais que voulez vous ! Quand à l'aveugle, vous n'êtes pas bluffé par tel ou tel vin, vous direz plus vite : "c'est ma faute, je ne suis pas en forme pour bien l'apprécier" plutôt que : "quelle déception !" . Ne mentez pas ! Cette réaction arrive même à des membres du GJE !

Le comble du genre, c'est quand des zozos critiquent un Balthus, un Rollan de By, un Sociando ou un Reignac qui se pousse du col "allegro vivace" versus des premiers classés, alors même que leur propre expérience avec ces fameux 1855 sont à ranger dans la catégorie "rareté" dégustée peut-être une fois, rarement deux, jamais trois fois ! Encore une bizzarerie française : ce sont ceux qui ont le moins accès, financièrement parlant, aux jus des 1855 qui en sont les plus ardents défenseurs ! Bon, j'exagère sans doute un chouilla :-) Quoique…

EXPERIENCE : "CARTES SUR TABLE"

Donc, comme c'est le moment ou jamais de prendre de bonnes résolutions : sachez que la Maison de Négoce bordelaise DUCLOT, via l'entité LA VINICOLE, organise sa seconde édition, pendant tout le mois de décembre, de grands crus proposés dans quelques maisons de bouche bien choisies, à prix "coûtants". 

C'est LA pour les détails. Petrus 2002 à € 500 et Lafite 2001 à € 520, quand on est 6 fondus, cela reste presqu'abordable. Mais faites moi plaisir : commandez en même temps le Grand Puy Lacoste 2001 à € 100 ou Domaine de Chevalier 2000 à € 110, et faites vous servir à l'aveugle !! Ensuite, ensuite seulement, modulez votre commentaire en évoquant la relativité de votre goût :-)

MUSIQUE

Rappel urgent ! Enregistrez le LOHENGRIN qui ouvre la saison de la Scala ce soir en direct sur Arte. Oui, je sais, pour vous Wagner = bof ! Pas grave ! Croyez à l'évolution vers les sommets de votre petit sens musical :-)

Un jour viendra où vous aimerez. Et là, vous serez tout content d'avoir gardé cet enregistrement qui risque d'être une référence. Du moins, je l'espère !

C'est comme pour votre cave. Vous n'aimez pas la Bourgogne ? Hourra ! C'est le moment d'en acheter car, comme vous n'en boirez que rarement, ces bouteilles vont bien vieillir tout cool dans votre cave.

Lesquels choisir ? Bande de zozos incultes ! Prenez simplement les pages idoines du B+D (pub grassement payée en sourires quasi carnassiers desseauviens !) .

Il neige : c'est beau l'Alsace sous la neige. Wie Got im Frankreich !

IMAGES SANS RAPPORT, JUSTE POUR EN METTRE

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Antichambre d'un propriétaire de classé :-)

scfg

Ce pied de vigne est à Marionnet : plus vieux que lui, sûr !

dfv

La copine japonaise du Grand Jacques (si, si)

 

floi

Allez : rajoutez "La Cabotte". Vous ne savez pas où ? Demandez à Michel !

ghn

C'est juste à côté…

ger

mon petit palatin…


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