À Monsieur le President de la République,
Stop à la désinformation sur les violences sexuelles faites aux enfants ! Allo Rufo ?! Voici une question posée lors de l’émission « Allo Rufo » du lundi 3 décembre 2012 sur France 5 :
QUESTION posée: « Ma fille de 28 ans va mal. Elle est addict aux médicaments et nous avons dû l’hospitaliser. Depuis, elle nous dit avoir été abusée sexuellement dans sa petite enfance. Est-il possible que ce soit une réalité ? »
REPONSE de RUFO: « L’immense majorité des enfants « abusés » vont bien ! ... à distance après le sévice... ils ont bien sûr des craintes un peu précises, mais elles vont bien dans leur vie amoureuse, sexuelle, personnelle, professionnelle... donc, en quelques sortes, un abus ne peut pas entrainer un tel dégât sauf si la vulnérabilité et la fragilité du sujet vient faire que l’abus renforce cette pathologie d’organisation. Là, dans ce que vous décrivez, dans son organisation ça fait plus partie d’une reconstruction délirante de l’agresseur qui existe, fondu comme ça dans son histoire.»
NOTRE REFUTATION: Vraiment ? Alors donc la grande majorité des anciennes victimes de violences sexuelles pendant leur enfance vont... bien. Nous sommes ravi-es de l’apprendre. Chaque semaine, nous recevons des pluies de témoignages, de demandes d’aide d’anciennes victimes qui sont au bord du gouffre, à qui personne ne vient en aide ou qui entendent les inepties dites par des personnes telles que Mr Rufo. Non, La majorité des victimes d’inceste et de pédocriminalité ne vont pas bien !
Les conséquences multiples sur leur vie intime, sexuelle, de couple, professionnelle et leur santé sont dévastatrices. De nombreuses études scientifiques, témoignages, ouvrages l’expliquent et le prouvent très clairement. Voici les chiffres scientifiques : « La revue de la littérature permet de dire que 20 à 44% des victimes d’abus sexuels dans l’enfance ne présentent pas de signes d’un devenir négatif » (Dufour et al 2000) Ceci signifie donc que 56% à 80% des victimes nécessitent des soins, soit l'immense majorité.
La Haute Autorité de santé qui n’est pas susceptible de se laisser leurrer le reconnaît : « Un phénomène occulté par la société : «La gravité des séquelles sur la santé physique ( troubles du comportement alimentaire, addictions…), sur le développement psychique (dépression, pulsions suicidaires…) et sur la vie sociale des victimes ( peur des autres…) fait de l’inceste un enjeu sanitaire et sociétal majeur. » Les professionnels de santé doivent jouer un rôle essentiel dans le repérage:
http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1067755/victimes-dinceste-mieux-reperer-pour-mieux-proteger
Mieux repérer, est ce bien là ce que fait Mr Rufo ? Les propos de Mr Rufo reportant la responsabilité du mal être sur la vulnérabilité préalable de l’enfant victime inversent la conséquence et la cause, ce qui est insoutenable scientifiquement pour tous les psychotraumatologues. La vérité est que la famille de l'enfant est dysfonctionnelle. Par ailleurs les chiffres des faux témoignages et faux souvenirs sont particulièrement faibles, comme le prouvent de nombreuses études juridiques, et psychiatriques, et ce malgré des mythes contraires. Les chances de résilience d'une victime d'inceste ou de pédocriminalité sont accrues lorsqu'on lui apporte soutien et reconnaissance, quand elle est entendue et crue sans aucune condition ! En revanche le déni, le refus de croire font considérablement accroître le mal-être et nuisent à la possibilité de se reconstruire. Suite à l’émission, la colère des anciennes victimes, des professionnels qui les soutiennent et les accompagnent et des associations est immense. Nous sommes révolté-es d’entendre des paroles niant la souffrance des victimes, niant la vérité de la fréquence des violences sexuelles, niant la réalité des séquelles à une heure de grande écoute, dans une émission prétendant « donner des solutions rapides et concrètes aux problèmes qui préoccupent de nombreux éducateurs et dédramatiser de multiples situations, sur un ton inspiré par les émissions de libre antenne. » Nous exigeons un droit de réponse et nous exigeons que le Dr Rufo s’excuse publiquement auprès de toutes les personnes qu’il a blessées cruellement. Nous exigeons que de vraies informations soient diffusées dans les médias concernant les violences sexuelles commises sur les enfants. Enfin, nous réclamons plus de soutien et de moyens pour mettre en place une vraie politique d’information et de prévention. S’informer sur les conséquences des violences sexuelles durant l’enfance (études, témoignages, articles...) :
lien à couper/coller dans votre navigateur: www.crifip.com ou à suivre en cliquant: link
Veuillez croire Monsieur le Président en l'expression de ma très haute considération
Michel TABANOU
citoyen socialiste et 2e adjoint au maire - 94120 Fontenay-sous-bois