Traditionnellement, le vieillissement est considéré comme une période de déclin progressif sur les plans physique, cognitif et psychosocial et certes, avec l'âge, il y a l'incidence accrue de la dépendance et des démences. Ce 5è risque est un problème de santé publique majeur indiscutable. Pourtant cette préoccupation pourrait laisser une petite place à une vision plus souriante, avec cette étude de chercheurs de l'Université de Californie (San Diego) et de Stanford. Car l'étude conclut que, même en phase de déclin physique ou cognitif, les personnes âgées déclarent, majoritairement, que leur bien-être s'est amélioré avec l'âge. Résultats dans l'édition du 7 décembre de l'American Journal of Psychiatry.
Ainsi, en France, l'INSEE estime à 1,4 millions, le nombre de personnes âgées en perte d'autonomie en 2040. La population âgée en France représente aujourd'hui 14,1 millions de personnes de plus de 60 ans et 1,5 million de plus de 85 ans qui seront 2 millions en 2015. Les Etats-Unis, lieu de l'étude, comptent 40 millions de seniors âgés de plus de 65 ans.
L'étude bien-nommée « SAGE » pour Successful Aging Evaluation study menée par entretien téléphonique de 25 minutes, suivie d'un questionnaire a interrogé 1.006 personnes âgées de 50 à 99 ans, et âgées en moyenne de 77 ans. Les chercheurs ont pris en compte l'auto-évaluation de l'état de santé général, l'engagement social et les taux de maladies chroniques et d'invalidité des participants. "Bien qu'il y ait un intérêt croissant en Santé publique à comprendre et à promouvoir un vieillissement réussi, peu de recherches ont été menées sur le bien-être des personnes âgées en combinant données de santé physique et psychologique et évaluations cognitives », explique l'auteur principal, le Dr Dilip V. Jeste, professeur émérite de psychiatrie et président de l'American Psychiatric Association.
C'est le point de vue des sujets eux-mêmes qui prime : L'étude conclut en effet que la résilience -comme la dépression- a une incidence importante sur la façon de vivre son vieillissement réussi, avec des effets comparables sur la santé psychique et la santé physique. Ainsi, les personnes atteintes dans leurs fonctions physiques mais à haute capacité de résilience vont autoévaluer leur vieillissement de manière aussi positive que d'autres personnes en meilleure santé physique mais avec une plus faible résilience. « Et si l'âge avancé est bien étroitement associé avec un déclin des fonctions physiques et cognitives, il est, au vu de ces résultats, également associé à un mieux-être mental », ajoute le Pr Colin Depp, professeur agrégé de psychiatrie à l'UC San Diego et co-auteur de l'étude. Enfin, après ajustement pour l'âge, l'auto-évaluation positive du vieillissement est associée à certains facteurs comme le niveau d'étude, une meilleure fonction cognitive et, surtout un plus grand optimisme et une forte capacité de résilience.
Pourquoi pas une approche de prise en charge la plus optimiste possible ? C'est un message lancé par les auteurs aux cliniciens, celui d'une approche la plus optimiste possible de la prise en charge des personnes âgées, qui pourrait contribuer à réduire ce phénomène « d'âgisme » dans notre société. On invoque fréquemment les coûts de santé liés à l'âge, c'est un fait, mais pourquoi ne pas évoquer plus souvent le vieillissement heureux ? Enfin, la santé physique n'est pas tout, la résilience et la prévention de la dépression ont un rôle important dans la préparation du bien-être au grand âge.
Source: American Journal of Psychiatry doi: 10.1176/appi.ajp.2012.12030386 December 7, 2012Association Between Older Age and More Successful Aging: Critical Role of Resilience and Depression(Visuel © Chariclo - Fotolia.com)
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