TROIS POEMES DE SAISON
1.
Brun rouillé des pentes d’humus,
lobes moelleux des champignons,
patine bombée des marrons,
souches spongieuses au bois pourri…
la forêt a mille recoins
où, à l’abri de nos regards,
à ras de terre ou bien coincés
contre les écorces moussues
s’élaborent les doux secrets
des microcosmes de
l’automne
2.
Tout, jusqu’au plus petit tracé
mince, fragile, arborescent
dédoublé d’un silence blanc,
d’un capiton
d’immaculé
replié sur son propre poids
d’attente extasiée :
jour neigeux.
3.
Six heures du matin, nuit plus noire que poix ;
tel un taureau hargneux, le vent charge, abattant
sa furie sur le verre et le bois des fenêtres,
secouant du mufle les portes des paliers.
Je l’entends et surtout le sens : il se prend pour
quelque tsunami, quelque séisme grondant,
sa rage saisonnière ne se lasse pas
de l’assaut qui, dirait-on, cherche à ébranler
l’épaisseur froide et enracinée des vieux murs
aujourd’hui sera un nouveau jour de grand poids
voué à l’inutilité gourde, nauséeuse
Patricia Laranco