« Ce qui est important ce n’est pas ce que tu as fait, mais ce que les autres pensent que tu as fait », explique Jackie Cogan, alias Brad Pitt, parfait dans ce rôle de nettoyeur froid et organisé qui lui sied à merveille. Pour lui, il vaut mieux tuer un suspect innocent pour reprendre au plus vite les affaires que de se lancer dans une longue et coûteuse recherche du véritable coupable. Il s'y emploie sans haine mais avec une extrême violence, de préférence de loin pour éviter d'avoir à affronter la détresse de ceux qui se savent condamnés.
Cette histoire se passe dans une Amérique profondément touchée par la crise économique, qui rend la vie difficile aux truands eux aussi. Tandis qu’on entend en « off » les discours électoraux de George W. Bush et Barak Obama, on assiste aux négociations hésitantes de l’avocat (Richard Jenkins) qui sert d’intermédiaire aux parrains de la Mafia, passant commande de règlements de compte en rabiotant les prix.
La critique n’est pas tendre pour ce film noir de chez noir. Pourtant, la façon de filmer du réalisateur australien est émouvante, les images sinistres d’un réalisme sordide mais qui touchent à la perfection.
La distribution nous replonge dans les «Sopranos » puisqu’on retrouve un James Gandolfini complètement usé par l’alcool et ne pensant qu’au sexe tout en se lamentant sur la décision de divorcer de son épouse et Vincent Curatola en patron de pressing commanditaire de minables braquages. La terreur suinte des tempes des deux petits malfrats envoyés au casse-pipe, Scoot McNairy (Frankie) et surtout l’hallucinant Ben Mendelsohn en junkie perdu. Lui seul sauvera sa peau en retournant en taule …
Ce n’est certes pas un film porteur d’espoir et c’est Brad Pitt qui donne le ton dans la dernière phrase : « L’Amérique n’est pas un pays, c’est un business. »