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Château Rouge, par la Compagnie Difé Kako

Publié le 07 décembre 2012 par Onarretetout

ChateaurougedifekakoChâteau Rouge, c’est une station de métro (ligne 4) dans Paris, dont la sortie donne sur le Boulevard Barbès. C’est un quartier qui fait parler de lui. Un livre, Myrha Tonic, dont j’ai rendu compte sur ce blog l’évoquait. J’y ai vu des spectacles et des expositions au Lavoir Moderne Parisien. Les prières dans la rue y ont été montrées du doigt (et pourquoi pas d’autres cérémonies qui ont parfois lieu sur des places publiques ou dans des stades ?). Un poème de Rimbaud a même figuré sur ce blog, photographié sur un trottoir du quartier (et aujourd’hui effacé). Château Rouge figure aussi dans la liste des zones de sécurité prioritaires de l’actuel gouvernement. C’est dire si tout ce qui fait la vie, en plaisirs comme en souffrances, en bien-être comme en malheur, en richesse comme en misère, se trouve dans les rues desservies par cette station de métro, dans le XVIIIe arrondissement de Paris.

Et tout ce qui fait Château Rouge se retrouve en ce moment sur la scène du Théâtre Douze où Difé Kako présente sa récente création (dont plusieurs étapes ont eu lieu au Lavoir Moderne Parisien). Il y a du monde dans le métro, celles et ceux qui descendent, celles et ceux qui se pressent dans un hall vite plein, celles et ceux qui s’enfuient à l’arrivée de la police, vente à la sauvette, prostitution, drogue… Et le monde est là : toutes les couleurs de peau, toutes les origines, la tchatche sur le boulevard, le marché, les boutiques où tu trouves des traitements pour éclaircir la peau, des salons de coiffure pour défriser tes cheveux et discuter entre amies. Le monde est là, multiples langages, multiples vêtements, multiples activités. Commerces de partout, rivalités, marchés, prières, diversité. Les musiques nous font voyager : africaine, orientale, européenne, indienne, classique, moderne, chansons, percussions, violons… Les danses se succèdent, se juxtaposent ou dialoguent. Pour dire ce quartier, il fallait bien deux chorégraphes, de formation et d’expression différentes : Philippe Lafeuille et Chantal Loïal qui poursuit son propos sur l’identité, les identités, et fait chanter à l’une de ses danseuses : « Je choisis mon identité ». C’est un spectacle qui défend une idée et une farouche volonté de vivre ensemble, de danser ensemble, de rire ensemble. La superbe traîne de mariée qui vient, comme un rideau de scène soulevé par les cinq danseuses (Julie Sicher, Tania Jean, Katy Dinh, Mariama Diedhiou, Machita Doucouré en alternance avec Aurore Zoumenou), conclure le spectacle dit tout ça. C’est bien notre monde. Avec ses défauts et ses qualités, avec ses accrocs et ses raccords, un patchwork qu’on fabrique les uns avec les autres.

J'ai vu ce spectacle au Théâtre Douze - 6 avenue Maurice Ravel à Paris, où il est présenté jusqu'au 16 décembre 2012 (suivre le lien DiféKako dans la colonne de droite)

Par ailleurs, je vous rappelle que les Editions Les Points sur les i ont publié cette année On t'appelle Vénus, textes écrits pour le solo de danse de Chantal Loïal. Vous pouvez le commander en suivant le lien de l'éditeur dans la colonne de droite de ce blog.


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