La lutte contre la congestion automobile n'est que de l'idéologie anti-voitures, qui omet tout raisonnement logique.
Par Carlo R. Chemaly, à Bruxelles, pour le Parti Libertarien.
Depuis des années, nos responsables proposent des mesures sur la mobilité pour nous sauver de nous-mêmes. Ainsi, la ministre Huytebroek a récemment proposé de réduire le nombre de parkings des entreprises afin de lutter contre la congestion automobile…Mais quelle bonne idée que voilà ! Il faudrait peut-être commencer par rappeler à la ministre que la congestion automobile est due aux voitures qui roulent, pas à celles qui sont stationnées…
Blague à part (mais c’est Mme. Huytebroek qui a commencé !), et outre les désagréments liés à l’implémentation ou le côté diktat de la méthode, la proposition montre, en premier lieu, que la ministre ne raisonne pas correctement : une congestion automobile existe parce qu’il y a trop d’automobilistes ; si tel est le cas, c’est qu’une partie importante d’entre eux ne peuvent pas utiliser les transports en commun pour des raisons pratiques (temps, flexibilité horaire, correspondances, crèches, écoles…). En ce sens, la suppression de places de parking à Bruxelles ne modifie en rien les données du problème. Tout au plus cette mesure augmente-t-elle les tracas pour employeurs et employés.
Ensuite, la proposition montre que la ministre ou son entourage n’ont pas réfléchi aux conséquences de la proposition et, plus particulièrement aux divers problèmes surgissant si l’objectif venait à être atteint. Ainsi, si le nombre de voiture diminue en capitale :
- comment les gens se déplaceront-ils autrement qu’en transport en commun ou taxi ? Outre la chimère du RER, quelque chose est-il prévu pour augmenter l’offre (sans augmenter le prix)?
- comment prévenir une prise en otage de l’ensemble de la ville lors d’une grève des transports en commun?
- comment empêcher la baisse de compétitivité résultant d’une réduction de la flexibilité quotidienne des travailleurs dont les horaires dépendront de ceux des transports en commun?
- comment empêcher une augmentation de la congestion et de la pollution en capitale suite aux problèmes accrus de parking: pour peu que le nombre de voitures diminue proportionnellement moins que le nombre de places de parking, la congestion sera accrue vu qu’un tiers du trafic est en fait composé de gens qui cherchent à se garer (démontré par l'étude de Prof. Donald Shoup, professeur d'urbanisme a l'UCLA)
- comment compenser la baisse des rentrées (privées et publiques) résultant d’une baisse de demande de véhicules et de carburant?
Il apparaît clairement que le raisonnement n’a pas été correctement mené avant d’émettre la proposition, ce qui explique sans doute la fraîcheur de l’accueil de Touring et de la BECI. La ministre, dans l’impossibilité de rectifier avec une émission, a tenu « une conférence de presse au siège d’Electrabel GDF Suez […] afin de faire la clarté sur cette question ». Dès l’entame de son discours, elle a justifié l’utilité de son plan en citant des études de l’INRIX et de TomTom qui assènent que Bruxelles fait partie des cinq villes les plus « congestionnées d’Europe. Tout bruxellois qui accepte de telles « conclusions » sans circonspection démontre qu’il n’a jamais roulé à Paris, Londres, Rome, Milan ou Amsterdam. Une simple recherche sur internet permet de constater que ces études établissent ledit palmarès en divisant le temps de parcours en heure de pointe par celui en heures creuses.
En clair, s’il faut 10 minutes pour parcourir 6 km à Bruxelles en heure de pointe et qu’il faut 5 minutes en heures creuses, le résultat sera 10 / 5 = 2. Si ces chiffres sont 25 minutes et 20 minutes pour 6 km à Paris, le résultat sera 1,25 et l’étude conclura que Bruxelles est bien plus congestionnée que Paris… tout en ignorant le fait que l’on parcourt 5 km plus vite à Bruxelles qu’à Paris et ce, quelque soit l’heure!! En fait une ville sera considérée d’autant plus congestionnée que la cicrulation y est fluide en dehors des heures de pointe.
Voilà donc comment nos dirigeants, aveuglés par une idéologie anti-voiture, arrivent simultanément à proposer de mauvaises réponses à de faux problèmes avec pour effet d’empirer une situation existante sous couvert de l’améliorer. Dans le cas d’espèce, ils diminuent la mobilité à l’intérieur de la ville pour en augmenter la mobilité vers l’extérieur! Sous couvert de protéger les emplois, ils ont déjà fait la même chose avec le marché du travail. Il est amusant de constater que ces effets “réactionnaires” sont le fruit de personnes se proclamant progressistes... L’enfer est pavé de bonnes intentions!
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