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Certains souhaitent archiver la période actuelle. Qu'ils n'hésitent pas, le monstre google est là pour cela. La mémoire ne s'efface plus au rythme des publications médiatiquement contrôlées. Nicolas Sarkozy fut le premier président de la République Monarchique à le réaliser.
Mais la vraie question est ailleurs: quel sera l'avenir de la gouvernance de gauche de ce pays ? Prenons donc date. Certains, Emmanuel Todd en tête, restent persuadés que François Hollande s'est décidé à (re)dresser le pays et ses finances avant un virage à gauche et salvateur. La démarche est courageuse et convaincante. Le pays est en ruines, après dix années de droite et 5 de crise.
L'alliance de demain, donc, serait de gauche et très à gauche. Pas évidente pour une raison très simple et facilement constatable dès à présent. La gauche de gauche est très énervée contre la gauche. Elle n'accepte pas la rigueur des comptes version 2012. Elle ne tolère pas la moindre incursion dans la dite politique de l'offre - soutenir les entreprises plutôt que l'investissement public et la demande intérieure.
Cette alliance de demain, cependant, est loin d'être acquise. Il y aura bien sûr, à gauche et ailleurs, une forte demande « de gauche ». Pas sûre qu'elle soit per se majoritaire.
L'affaire n'est pas gagnée tant certaines salves intra-gauche sont fortes et douloureuses. Et elles risquent de laisser trop de traces pour permettre la réconciliation facile. Jean-Luc Mélenchon, d'ailleurs, reste plutôt modeste dans cette surenchère parfois outrancière contre la gauche gouvernementale.
De même, l'une des grandes (et seules) vertus de l'affaire Florange a été une relative prise de conscience qu'une fraction du gouvernement, dont Arnaud Montebourg demeure l'une des incarnations les plus visibles a des velléités combattantes plus fortes. De là à dire que les positions se sont rapprochées, il n'y a qu'un pas, qu'un effort que l'on pourrait aisément assumer si nous étions optimistes. Montebourg n'a perdu de peu de crédit, essentiellement à gauche.
Mais une autre et belle fraction de la gauche impeccable a encore la conviction intransigeante et parfois violente. C'est là que le bas blesse et blessera. Dans les marchés, sur les estrades, dans les meetings ou les manifestations, entre militants ou sympathisants. La conviction, ça se travaille ou ça se détruit. Il y a encore trop de rage d'une campagne insuffisante au printemps 2012, trop d'envie de vengeance. Cela peut bien sûr changer, ou pas. L'effort de dialogues dans les désaccords doit être immense.
En cas d'échec, il y a une autre hypothèse, tout aussi réaliste.
Plus terrifiante, elle serait la grande alliance du centre que d'aucuns espèrent. Une sainte coalition qui pousserait la Hollandie à s'acoquiner avec un centre indulgent. Sans doute le Modem vers qui nous tendions quelques mains dès 2007. Peut-être, plus grave encore, l'UDI pourtant issue d'une première scission de l'UMP avec quelques sbires du Nouveau Centre.
Il y a plusieurs hypothèses, deux au moins. La première serait une alliance tacite. Les uns proposent, les autres soutiennent. Sans davantage d'alliance politique. L'autre hypothèse contient plus grave. Un bel accord politique. Après tout, pourquoi se gêner ? Imaginez que la gauche impeccable poursuive son exercice de pire en pire, qu'elle conchie avec une rage grandissante chacune des actions de l'actuelle majorité. Qu'elle s'aliène ainsi la fraction du parti et de ses soutiens qui auraient pu l'aider.
Et voici le schéma qui frappe aujourd'hui l'UMP qui pourrait s'appliquer au PS: l'alliance au centre sinon la mort.
La politique est une affaire de conviction et de séduction.