Changer de job en temps de crise

Publié le 06 décembre 2012 par 31000emploi

Votre boss est trop exigeant ? Votre travail ennuyeux ? Vos collègues antipathiques ? Du coup vous cogitez et vous avez envie d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Oui mais voilà, vous êtes vite rattrapé par le spectre angoissant de la crise qui vous incite à l’immobilisme. Alors oui c’est la crise, oui ça fait peur, mais on ne peut pas se forcer à apprécier un poste qui nous lasse.

Voici donc un petit tour d’horizon des démarches qui pourront vous aider à franchir cette étape en douceur, même par les temps qui courent …

Le plus sage est d’abord anticiper votre transfert et de vous confronter petit à petit au marché du travail par temps de crise. En effet, les données ont probablement changé depuis votre prise de poste et vous serez ainsi plus aguerri et lucide au moment de votre recherche active. Par ailleurs, si vous savez la situation financière de votre entreprise fragile, devancez les échéances malheureuses en commençant votre recherche avant que votre poste ne soit directement menacé, cela vous ôtera une part de pression.

Ayez conscience que la crise va vous contraindre à solliciter davantage votre réseau : et oui, vous ne pourrez plus échapper à la nécessité d’entretenir régulièrement vos contacts professionnels car le recruteur a besoin d’être mis en confiance, spécifiquement en ce moment, et le réseau joue alors le rôle de garant. La cooptation est toujours un point d’ancrage rassurant par exemple.
Mais n’y voyez pas une contrainte, bien au contraire, prenez cette pratique comme une veille agréable du marché ! Votre réseau peut même être source d’opportunités professionnelles rassurantes puisque venant de quelqu’un que vous estimez professionnellement.
Alors, habituez-vous à l’outil « carnet d’adresse » et programmez-vous des cafés avec les contacts auxquels vous portez de l’intérêt : consultants en recrutement, anciens collègues, professionnels rencontrés lors de tables rondes, anciens de votre formation …

Replongez vous ensuite tranquillement dans le bain d’une recherche d’emploi : pour cela, rendez-vous visible par les recruteurs sur Internet (réseaux sociaux professionnels, CV thèques généralistes et spécialistes). Ainsi, des cabinets de recrutement et des entreprises vous approcheront et vous serez alors confronté aux besoins réels du marché de travail ainsi qu’aux désirs des recruteurs en ce moment. Conscient des atouts et des points faibles de votre profil, vous serez plus à même d’inscrire vos aspirations dans le contexte actuel et prendrez conscience des données de rémunération qui se pratiquent aujourd’hui dans votre milieu professionnel.
Cette méthode peut aussi s’avérer utile pour redorer votre confiance en vous et gagner en sérénité avant la phase plus stressante des entretiens !

Partez enfin à la recherche active d’un poste. Mais attention, pour ne pas vous essouffler trop vite dans un contexte tendu, ciblez précisément votre recherche et les offres d’emploi qui vous correspondent parfaitement. Car augmenter le nombre de candidatures n’augmente pas forcément vos chances de toucher au but, mieux les cibler si ! Les services RH croulent sous les candidatures toujours plus nombreuses en temps de crise et ils consacreront probablement moins de temps aux réponses adressées, ce qui peut être décourageant.
Viser juste dès le départ vous permettra d’avoir conservé votre énergie pour la dernière phase, plus stimulante : celle des entretiens !

Lorsque ce moment viendra, gardez alors en tête qu’un recrutement induit une relation bilatérale, inutile donc de vous autocensurer et de vous empêchez de poser les questions qui vous trottent dans la tête … avec délicatesse et professionnalisme bien sûr ! Faire preuve de discernement, y compris sur les perspectives d’évolution, la stratégie et les prévisions de croissance de l’entreprise, n’est pas un mauvais point. Cette étape doit vous servir à creuser les raisons du recrutement et donc la vision du recruteur sur le poste à long terme,
A vous de vous renseigner en amont sur Internet pour éclaircir les zones d’ombres, et d’en discuter ensuite avec le recruteur afin de réduire la part d’inconnu. N’attendez pas tout de la personne que vous aurez en face de vous, projetez-vous et soyez curieux afin de savoir où vous mettez les pieds !

Enfin, ayez conscience qu’aujourd’hui, les leviers de négociation diffèrent quelque peu par rapport à une période de plein emploi.
La crise économique oblige en effet les candidats à recentrer leurs aspirations sur d’autres critères que ceux purement financiers, des critères d’ordre plus subjectifs: conditions de travail, possibilité de télétravail, organisation de l’activité, culture d’entreprise, possibilité d’évolution dans la société … Autant de données qu’il convient aujourd’hui de mettre dans la balance dans le choix de votre futur employeur et qui font partie d’un package qualitatif, plus négociable que des données de rémunération. Faire un bilan de ce qui peut vous stimuler à ce niveau est une étape importante. L’idée n’est pas de vous « sous vendre » mais plutôt d’évaluer une enveloppe globale. Il ne tiendra ensuite plus qu’à vous de mesurer les risques et les bénéfices du nouveau poste proposé et de vous jeter à l’eau !

Bref, même si la morosité économique ne facilite pas les perspectives à long terme, chacun d’entre nous aura toujours besoin d’être stimulé, d’apprendre et d’avancer dans son job. Faire toute sa carrière au sein de la même société n’est plus raisonnable aujourd’hui et cela implique d’oser changer d’employeur. Cette prise de risque sera très souvent, après coup, valorisée.
Écoutez donc vos intuitions et vos envies en ayant pris soin de bien cerner vos attentes au préalable. Mais ne foncez pas tête baissée et minimisez les incertitudes en prenant en amont connaissance du marché de l’emploi dans votre secteur.
S’habituer à vivre une vie professionnelle faite de petits accros et de grandes fiertés est la meilleure philosophie pour accepter les changements et admettre la prise de risque quasi-impérative pour avancer par temps de crise.

Article rédigé par Caroline CHAMBRAN
Chargée de recherche freelance
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