L’Égypte va bientôt célébrer le deuxième anniversaire de sa révolution du 25 Janvier qui a vu la chute peut-être pas du régime Moubarek mais du moins la démission du président égyptien et la fin de la mainmise qu’il pratiquait lui et sa famille sur le pouvoir politique et économique du pays des Pharaons!
Presque deux années plus tard, beaucoup de choses ont changé en apparence en Égypte, mais pas dans le sens que voulaient les jeunes manifestations qui ont affronté les forces de l’ordre sur la place Tahrir, qui ont sacrifié leur vie pour la démocratie et la liberté!
Depuis le 25 Janvier 2011, la révolution égyptienne a évolué vers une discrétion de plus en plus marquée de l’armée dans la vie politique et économique du pays! Est-ce à dire que les généraux qui ont dirigé le pays depuis 1953 ont cédé réellement tous leurs pouvoirs aux civils, issus des élections qui ont porté au pouvoir les frères musulmans, ces ennemis jurés de l’armée depuis toujours?
On ne peut pas imaginer un moment un pareil scénario, même si tous les éléments apparents donnent à le croire!
Depuis la chute de l’homme Moubarek et du régime qu’il entretenait, l’Egypte a traversé une période d’épuration puis de mise en place de nouvelles structures qui ont connu leur point d’orgue avec l’accession de Mohamed MORSI, chef de file des islamistes à la présidence de la république, après que ses appuis issus des frères musulmans aient pris le contrôle de l’assemblée constituante.
Cela s’est soldé par le décret pris le 22 novembre dernier par le président Mohamed Morsi, décret par lequel le chef de l’état égyptien s’attribue des pouvoirs élargis.
Le souvenir des pratiques du régime précédent est encore présent dans l’esprit des égyptiens.On est loin des attentes des manifestants de la place Tahrir : les 360 morts et les 5.000 blessés de février 2011 semblent s’être sacrifiés pour rien!
Et depuis quelques semaines, les égyptiens sont dans la rue, sur les places! Ils manifestent pour obtenir la liberté, pour revendiquer une présidence démocratique, qui ne soit pas au-dessus de la justice!
Les manifestants font face à des matraquages, à des bombes lacrymogènes, et même à des tirs de balles réelles : la place Tahrir en ce début de décembre 2012 ressemble à ce qu’elle a été en Janvier 2011. Le palais présidentiel de Morsi a été envahi par les manifestants en colère.
D’autres villes égyptiennes connaissent les mêmes troubles, pour les mêmes raisons!
La révolution égyptienne aurait-elle fait pshiiittttt?
En Tunisie, la situation n’est guère plus rassurante!
Après la révolution des jasmins qui a bouté hors du pays le clan Benali, avec à sa tête la “reine de Carthage” et ses parasites, la Tunisie a traversé des zones de turbulence plus ou moins graves.
Les islamistes, purs et durs, ont pris le pas sur les islamistes prétendument “soft” du parti de AL NAHDA! La situation est telle que les démocrates sont systématiquement éloignés des centres de décision.
Le président Moncef Merzouki, grand défenseur des droits de l’homme dans son pays, assiste en spectateur impuissant, à la montée irrésistible des salafistes qui tentent de contrôler les universités et d’imposer leur manière de vivre dans certaines localités.
Les incidents se multiplient et sont régulièrement signalés par les médias internationaux.
Armin AREFI écrit dans LE POINT du 24 Août 2012 : “Les islamistes radicaux sèment la terreur dans la Tunisie nouvelle. Sit-in dans les universités, commissariats caillassés, chaînes de télévision assiégées, expositions annulées…, ils dictent leur propre loi au nom de l’atteinte au sacré. Des incidents étonnants dans un pays que l’on disait à la pointe de la modernité arabe”.
Les femmes ont peur de perdre le statut exceptionnellement libéral dont elles jouissaient depuis l’ère Bourguiba.
L’assemblée constituante, plus d’une année après son élection, n’a pas encore trouvé d’accord sur le texte d’une future constitution pour le pays.
Les heurts se produisent régulièrement entre manifestants et forces de l’ordre, comme à Tunis lors de l’attaque de l’ambassade des U.S.A. ou plus récemment à Siliana, où la police a tiré à balles réelles contre la foule qui criait “DEGAGE” contre le gouverneur de la ville.
Le gouvernement dirigé par l’islamiste Hamadi Jabali ne semble pas être en mesure d’apporter à la Tunisie ce que les manifestants de la Révolution du Jasmin demandaient et espéraient.
Dans ce pays aussi; l’impression dominante est que les 338 morts et 2174 blessés, dans les différentes confrontations entre la population et les forces de l’ordre se sont sacrifiés pour rien!
En Egypte comme en Tunisie, les peuples se sont certes débarrassés de tyrans mais non pas de la tyrannie! Après avoir fait “dégager” Benali et Moubarak, ils ont ouvert la voie à une autre forme de tyrannie, peut-être plus grave parce qu‘elle s’appuie sur une partie de la population et qu’elle puise sa source dans le sacré.
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