Les six naïades - Laurent CORRE

Par Liliba

Un notable lillois vient d’être assassiné et le commissaire Marlingen est appelé par son homologue lillois Vernaekel pour dénouer les fils du drame. Il demande l’aide de son ami le journaliste Frédéric Brawner, car celui-ci est doté d’un flair quasi magique qui lui fait d’instinct suivre des pistes qui au premier abord semblent totalement loufoques, et saura de ce fait mieux que le commissaire lyonnais orienter l’enquête. Le crime semble crapuleux, mais les deux compères vont finalement remonter une piste qui les mène directement dans les horreurs de la dernière guerre.

Pourquoi Emmanuel Tardy se serait-il suicidé juste après avoir assassiné Édouard Feldmann ? Quels sont les liens qui rapprochent les deux octogénaires ? Les deux enquêteurs se plongent dans les albums photos de Feldman, émigré autrichien, et l’attention du journaliste (avec son instinct infaillible) est retenue par les clichés et surtout par le regard de Feldman, un regard froid et vide, sans lueur humaine, le même regard froid et insensible qu’on a pu remarquer dans les yeux Klaus Barbie ou de Mengele lors de leurs procès.

D’autre part, la police ne lâche pas des yeux un groupuscule néo-nazi local qui agit sous le couvert d’une association. Y aurait-il un lien entre Adrien Kampf, son dirigeant, et les deux cadavres ? C’est au domicile de Tardy qu’ils feront la jonction entre le présent et le passé, une demeure chic de la banlieue lilloise, dans laquelle ils remarquent les tableaux peints par le mort, et d’autres indices qui les mettront sur une piste vraiment incroyable.

J’ai bien aimé ce roman qui se passe dans ma région, d’une part du fait de l’intrigue bien ficelée et de l’enquête menée tambour battant, mais aussi parce qu’il est bien sympathique de suivre les deux enquêteurs dans des lieux que je connais. De plus, si le thème n’est pas extrêmement innovant (la guerre qui remonte dans les mémoires et fait encore des ravages des dizaines d’années plus tard), j’ai beaucoup apprécié les incertitudes que laisse peser l’auteur et le côté mystérieux. La scène qui se déroule dans la maison de Tardy et dans son jardin est tout à fait intéressante et l’ensemble s’avère très agréable à lire et détendant. 

Je remercie JL Nogaro des Editions du Caïman pour m'avoir proposé la lecture de ce roman et me l'avoir offert.