Le Languedoc et Sète au XVIIIème siècle

Publié le 05 décembre 2012 par Fkuss

Il y a quelque temps, je publiais deux extraits de mon second roman policier historique, Echec au Roy, qui décrit l'Auvergne et Clermont-Ferrand au XVIIIème siècle. Aujourd'hui, petit retour sur mon premier roman policier historique, "Le Complot des Salines", où je décris ma région et ma ville natales, le Languedoc et Sète, en 1788.

En espérant que cela vous donnera envie d'aller plus loin dans la lecture des aventures du Commissaire de la Révolution Française, Pierre Castilhon !

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Extrait du Complot des Salines :

La péniche venait de laisser le petit village de pêcheurs de Marseillan. Le paysage de platanes qui borde le canal des Deux Mers céda la place à un lido peuplé de roseaux sauvages séparant l’étang de Thau de la mer. A l’aide de leurs longs bâtons de marines, les passeurs s’évertuaient péniblement à maintenir leur embarcation à bonne distance de la rive pour éviter l’envasement. Le vent était quasiment tombé et la voile d’aucune utilité pour faire avancer le bateau. Aux environs de dix heures, la pointe courte de la ville de Cette était en vue. Ce petit cap, situé à l’entrée du chenal donnant sur l’étang, s’élançait fièrement vers la lagune. Hors les murs d’enceinte, ce village de pêcheurs au flanc de la grande cité était le repère des escrocs et des malfrats en tout genre qui fuyaient la juridiction du guet.

Encore quelques coups de rames et la péniche traversât le cadre royal Ce grau artificiel flanqué des principaux quais de commerce était l’avenue principale de la ville. Il reliait la Méditerranée, le port et le bassin de Thau dans un mouvement continu de va et vient de bateaux, barques et esquifs en tout genres, jusqu’aux camelots ambulants qui en sillonnaient les méandres, allant d’un quartier à l’autre grâce à cette artère nautique. La barque défila sur le canal avec à main gauche, les jardins de Bosc, le mont Saint-Clair, la forteresse Richelieu. Puis elle passa sous l’unique pont de la ville, le pont dit sur les Basses Terres, porte de la cité vers les landes sablonneuses et les sentiers menant à Frontignan. Ce solide ouvrage, tout de bois, était ceint d’une redoute qui en assurait la protection. La redoute de la Corne. Plus d’une fois il avait fallu le consolider mais il restait toujours debout. Malgré les assauts du temps. Malgré les assauts, plus farfelus, du «Terrible », un matelot nommé Barthélémy Aubenque qui selon la légende, avait en 1749 décidé de mesurer sa force contre le pont de bois lors d’une partie de joutes languedociennes au cours de laquelle il avait tombé tous ses adversaires ! Enfant, Pierre adorait écouter cette histoire qui exaltait l’imaginaire des jeunes cettois.. S’élançant vers le pont la lance au bras, rivé sur la tintaine de la barque, Aubenque fit parait-il montre d’une telle puissance lorsqu’il planta sa lance dans le bois que le bateau en avait été arrêté tout aussi net !

Délaissant le pont et la silhouette de l’auberge du cheval blanc, la péniche accosta directement sur la barbette du nouveau port, quai de la douane et des octrois, face au fort Saint-Pierre, place forte conçue par Vauban peuplée de cent cinquante soldats en garnison de passage, le régiment du Médoc. Cette dernière, malgré son vénérable centenaire, protégeait toujours la rade contre la flibuste. Bras armé de la marine royale contre les flottes ennemies qui auraient eu l’audace de s’engouffrer dans les eaux du golfe du Lion, à ses pieds s’étendait le grand môle, lequel expirait dans les bras du fort Saint- Louis, à la fois fortin et phare. Le môle servait de rempart et de bouclier à la ville les jours où Neptune, de concert avec Eole, déchaînait son ire contre le port.