Serge Federbusch a fait cette semaine une découverte botanico-politique étourdissante sur Atlantico ! François Hollande se fie-t-il au calendrier maya ?
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1 – Gagner un ou deux ans, unique objectif du pouvoir
Est-il conscient que la politique de la «planche à euros» qu’il appelle discrètement de ses vœux n’est ni efficace ni même acquise, au vu des résistances qu’elle suscite en Europe du Nord ? Hollande a en tout cas une ligne de conduite constante à défaut d’être claire : il effectue le service minimum en matière d’austérité, pour l’essentiel en pressurant ceux qui ne votent pas pour lui et temporise dans tous les domaines, attendant de voir comment la situation économique va évoluer. Reconnaissons qu’il n’a pas entièrement tort : si l’euro explose, inutile de trop sacrifier pour le défendre. Le problème est que Sa Normale-Inertie élude toute décision courageuse et que le blocage européen peut s’éterniser, mettant chaque jour un peu plus en lumière la paralysie française.
Cet attentisme a trouvé une parfaite illustration cette semaine dans l’affaire des hauts fourneaux de Florange où le pouvoir n’a cherché qu’à gagner du temps, consignant dans des engagements tenus secrets la dure constatation qu’il ne peut rien imposer de sérieux à Mittal. Ce dernier ne consent qu’une aumône en fait d’investissements stratégiques : 52 millions d’euros sur 5 ans. Juste de quoi maintenir le site dans l’état où il souhaitait le laisser. « Il s'agit d'un accord industriel entre l'Etat français et un opérateur privé qui n'a pas à être rendu public" : la formule restera gravée dans le marbre des annales de la duplicité politique ! Autre solution fumeuse, au sens propre comme au sens figuré : l’hypothétique sauvetage de Florange via des fonds européens finançant une technique de capture du CO2 qui doit encore faire ses preuves. Bref, tout est différé.
Le pauvre Montebourg, qui a choisi de bouger pour exister, est sans cesse pris à contre-pied par ce chef immobile. Celui qui s’agite désarmé est bien fragile face à celui qui, tapi, dispose seul du pouvoir d’empêcher.
Sur la question du crédit d’impôt contenu dans le pacte de compétitivité, la même logique a prévalu : la mesure n’entrera en vigueur que l’an prochain et son coût pour l’Etat est reporté d’autant, permettant de remettre la dure hausse de la TVA à une date ultérieure. Idem pour les réformes des administrations publiques et territoriales. Décidément, Mélenchon était un visionnaire doublé d’un formidable rhétoricien : la navigation à vue est le principe même du pédalo, embarcation qui le plus souvent tourne en rond.
Au fond, Hollande n’est-il rien qu’un superstitieux qui croit au calendrier maya et à ses prévisions eschatologiques ? Puisque la fin du monde tel que nous le connaissons nous pend au nez, à quoi bon faire le moindre effort avant un an ou deux … ou jamais ?
2 – La sortie de crise se fera-t-elle à l’italienne ou à la turque ?
Essayons de nous libérer un moment de la pensée convenue et formatée sur ce sujet crucial de l’Europe, alpha et oméga de notre salut ou de notre damnation. Le sauvetage de l’euro, dès lors que les problèmes grecs et espagnols sont temporairement jugulés, a sur sa route un obstacle de plus grande taille encore : celui de l’Italie, dont la dette ne saurait relever des mêmes solutions tant elle est immense.
Les futures élections transalpines d’avril 2013 seront cruciales. Si les Italiens reconduisent un pouvoir pro-européen apte à rassurer les marchés, en clair s’ils conservent Monti ou ses clones du centre-gauche, garde-chiourmes que l’eurostructure leur a imposé, leurs taux d’intérêt baisseront progressivement. Ce sera la langueur, mais d’ici quelques années l’activité repartira mollement. S’ils votent différemment, ils seront vite strangulés, acculant l’Europe à l’échec.
C’est alors vers une solution « à la turque » qu’on pourrait s’orienter : des dévaluations via une explosion de l’euro, une forte récession durant au moins deux ans mais une reprise fondée, si tout se passe bien, sur un redémarrage des exportations et un regain de compétitivité internationale pour les économies de l’ex-Euroland.
En 2001, la Turquie était en faillite et son secteur bancaire sinistré. Elle a déprécié sa monnaie, a beaucoup souffert quelques années puis s’est vivement redressée. Et c’est bien parce que les Grecs étaient dans l’euro qu’ils n’ont pu suivre le même chemin, pénible sur le moment mais salutaire dans la durée. Aujourd’hui, la Turquie est prospère et la Grèce exsangue.
Naturellement, la taille de l’économie eurolandaise rend les choses plus complexes. L’Europe n’est pas une grande Turquie. Cependant, sauf à précipiter une récession mondiale, le retour de la croissance après une purge grâce à la compétitivité monétaire retrouvée est sans doute une meilleure solution que l’enlisement progressif dans l’austérité mal tempérée par l’usage de la planche à billets.
Sur tous ces sujets, que dit et que fait notre gouvernement ? Il attend un an ou deux.
3 – Sarkozy veut revenir : la preuve, il s’éloigne !
S’il fallait un indice évident de la maturation de l’idée de son retour en politique dans l’esprit de Sarkozy, c’est l’annonce faite par ses proches que, désormais, il ne se mêlera plus de la guerre Fillon-Copé. Les dommages collatéraux commencent à se faire sentir, même sur lui, et il a tout intérêt à se tenir désormais éloigné de la grande chicaya de l’UMP. S’il ne se souciait pas de son avenir électif, il aurait mis les mains dans le cambouis plus franchement.
4 - Lyne Cohen-Solal, adjointe de Delanoë, perd son procès contre Delanopolis : une victoire pour la liberté d’informer !
Un jugement rendu en référé par le Tribunal de Grande instance de Paris lundi 3 décembre est à marquer d’une pierre blanche dans la difficile défense de la liberté d’expression en France.
Résumons très brièvement les faits, Lyne Cohen-Solal, bien connue pour passer son temps à pourfendre les Tiberi à la mairie du 5ème arrondissement de Paris, avait été fort irritée qu’un contribuable lillois et responsable de l’association Anticor, qui lutte contre la corruption, mette à jour une affaire d’emploi fictif dont elle a bénéficié dans la métropole nordiste.
Après une guérilla judiciaire de près de vingt ans, elle a été condamnée en 2011 et 2012 par le TGI de Lille et la Cour d’Appel de Douai. Avec un parfait cynisme, elle n’a fait appel que du volet civil, espérant que, du fait d’une loi d’amnistie de 1995, personne ne pourrait plus lui rappeler sa condamnation pénale. Le Code pénal interdit en effet de rappeler les condamnations amnistiées mais, Cohen-Solal se gardait bien de le rappeler, uniquement pour ceux qui les ont connues dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions. Ce qui n’est manifestement pas notre cas. Des centaines de mentions de ces condamnations avaient été faites dans la presse au moment du jugement.
Sur ces entrefaites, l’affaire «Lamblin», du nom de cette élue Verte dont le nom a été récemment associé à une vilaine histoire de blanchiment, a éclaté. Toujours prompt à donner des leçons de morale et jouer au chevalier blanc, Delanoë avait suggéré à Lamblin de démissionner, oubliant curieusement qu’il était beaucoup moins exigeant pour son adjointe au commerce, Lyne Cohen-Solal. Notre site, Delanopolis, s’est étonné de cette différence de traitement ce qui nous a valu le procès en question.
Le Tribunal de Paris, en référé, a sèchement renvoyé Cohen-Solal à ses arguments. Elle ne saurait s’abriter derrière la loi d’amnistie pour faire taire des organes d’information et il n’y a nulle diffamation à rappeler ses turpitudes.
C’est une victoire importante pour le droit d’informer car les arguties juridiques autour des lois d’amnistie seront désormais plus difficiles à développer pour les plaideurs de mauvaise foi. Quant à Madame Cohen-Solal, nous attendons que Monsieur Delanoë lui applique la «jurisprudence Lamblin» qu’il a lui-même définie.
En attendant, pour célébrer cette bonne nouvelle, l’association des amis du Delanopolis vous invite à boire le verre de l’amitié lors de la première fête de la liberté d’expression et du pluralisme dans l’information qu’elle organise à la mairie du 8ème arrondissement le 17 décembre prochain à 19 heures. Venez nombreux !
5 - DSK, so frenchy
Cela fait longtemps que je voulais l’écrire : DSK a fait énormément pour restaurer le prestige des Français Outre-Atlantique et dans le monde entier. Alors que nous étions perçus comme des pauvres en formation, des ratiocineurs bougons et déclinants, voilà soudain qu’apparaît en plein coeur de Manhattan une sorte de prince décadent de la Renaissance.
Il loue de luxueux appartements, dispose d’oeuvres d’art, vit dans une débauche supputée et avale goulument des pâtes aux truffes dans des restos branchés. Rien à voir avec l’image du petit «frenchie» installée trop longtemps dans l’imaginaire new-yorkais. Depuis Maurice Chevalier, aucun Français n’avait autant impressionné du côté de Broadway.
Cet animal est en passe de devenir mythique : on lui prête l’intention de se refaire une santé politique, de briguer un mandat de maire à Sarcelles. On le voit dans une boîte de nuit, on le suppose réunissant ses partisans, il murmure à l’oreille des puissants, on lui fait des ponts d’or pour qu’il prédise le futur de la planète dans des conférences.
La facilité avec laquelle DSK revient sur la scène parisienne montre à quel point elle est mal occupée par ses anciens camarades de parti.