Maria del Carmen, femme au foyer, consacre sa vie à sa famille : son mari qu'elle aime toujours tendrement et ses enfants désormais adultes. Le jour de son anniversaire, elle reçoit un puzzle. Sa vie si bien organisée bascule lorsqu'elle se rend compte qu'elle a un don très spécial
"Puzzle" de Natalia Smirnoff
Avec : María Onetto, Gabriel Goity Sortie le 04 décemb 2012 Distribué par Blaqout Durée : 88 minutes Nombre de : 1 Film classé : Tous publics Le film : |
Le jeu d’échecs provoque souvent des séquences cinématographiques particulières. Il est parfois même l’objet unique du récit, comme pour « La diagonale du fou » de Richard Dembo ou plus récemment « Joueuse » avec Sandrine Bonnaire.
Ce film m’est immédiatement revenu à l’esprit dès les premières images de « Puzzle ». Comme le personnage de Sandrine Bonnaire, Maria Del Carmen va à travers cette pratique qu’elle découvre par le plus grand des hasards, profiter de la vie comme elle ne l’avait jamais imaginée.
La comparaison s’arrête là, le récit de Natalia Smirnoff, scénariste et réalisatrice se focalisant avant tout sur l’émancipation d’une femme qui jusque-là s’était dévoué corps et âme à sa petite famille. Elle en fait la démonstration, dès l’ouverture. Le jour de son anniversaire, l’héroïne (María Onetto) s’affère dans les moindres recoins de sa cuisine, tandis que la famille ripaille dans la salle voisine. Et les jours qui suivent se ressemblent, une dévotion quotidienne, du petit matin au coucher parental.
En écrivant que cela me semble un brin exagéré, j’en connais qui vont sursauter. Mais le ton est donné, et Smirnoff réussit d’emblée à nous faire aimer ce personnage qui, de la soumission, va franchir les épreuves pour s’affranchir paisiblement de toutes ses contraintes.
Elle assume désormais sa nouvelle passion, dans le plus grand secret, sans quitter du regard ses proches, plus ou moins amusés par le manège d’une épouse nouvelle, d’une maman devenue presque une copine. Séduite par le jeu, l’alchimie des pièces, leur mathématique, son mentor ne la laisse pas non plus indifférente. On ne sait d’ailleurs pas grand chose de lui, qui il est, d’où vient-il ? Un érudit semble-t-il pour qui la séduction peut aussi s’établir entre deux combinaisons. Les couleurs, plutôt que les formes ?
La technique, très présente dans « Puzzle » n’est jamais pesante. Elle indique la marche du scénario, et ses imbroglios. Le mari de Maria ne se prive pas, lui non plus, de quelques infidélités en pratiquant… le Tai Chui .
Ils se découvrent alors leurs petits secrets, ça en devient drôle, émouvant, mais sans jamais atteindre la puissance narrative qu’une telle histoire pouvait susciter. Surtout que la morale de la fable n’est pas forcément celle que l’on imagine. Maria Del Carmen a fait ses choix. Smirnoff les assume.
- Mais encore.
Réaliser un film est très comparable à l’assemblage des pièces d’un puzzle relève la réalisatrice « L’assemblage d’un puzzle consiste à rapprocher beaucoup de pièces différentes les unes des autres, dans le but de créer “ une grande image . Ecrire et réaliser un film, c’est un puzzle d’un million de pièces ! Pour réussir un puzzle, vous devez faire attention à chaque petite pièce. Vous devez découvrir sa forme, sa couleur, sa particularité… C’est la même chose avec les acteurs, les plans, les scènes, les lieux, les costumes, le son, les voix, etc. vous devez connaître chaque élément, et jouer avec eux. «
La réalisatrice évoque le rôle de Maria, cette femme forte et passionnée dont elle se sent proche mais qu’elle considère également comme ressemblant à sa propre mère : « Puzzle est un film sur une mère et sur toutes les mères en général, sur ce sentiment d’amour inconditionnel que porte une mère à ses enfants et à sa famille et, sur ce besoin qu’elle a de vouloir tout contrôler par amour. »
En bref
Le film
C’est un film agréable, qui me semble-t-il ne va pas jusqu’au bout de ses intentions. Il manque de souffle et de lyrisme comme ankylosé par la propre inertie de son héroïne, trop prudente pour franchir le pas de la liberté totale. Mais l’interprétation de María Onetto, et l’histoire joliment contée, méritent que l’on s’y attarde