Titre : Les deux messieurs de Bruxelles
Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 281
Date de parution : 31 octobre 2012
Présentation de l'éditeur :
Un recueil de 5 nouvelles sur le mystère des sentiments inavoués. Souvent, l’architecture d’une vie est composée de passions
invisibles, qui ne se diront jamais, que personne ne devinera, inaccessibles parfois même à celui qui les éprouve. Et pourtant, quoiqu’obscurs, ces sentiments sont réels ; mieux, ils construisent
la réalité d'un destin.
Avec délicatesse, Eric-Emmanuel Schmitt dévoile les secrets de plusieurs âmes. Une femme entretenue et gâtée par deux hommes
qu’elle ne connaît pas. Un héros qui se tue à la mort de son chien. Une mère généreuse qui se met à haïr un enfant. Un couple dont le bonheur repose sur un meurtre. Un mari qui rappelle
constamment sa nouvelle femme au respect de l’époux précédent
Mon avis :
" Ce sera le thème de ce nouveau livre de nouvelles : les vies virtuelles qui composent le fond d'une vie réelle."
La légèreté d'écriture d'Eric-Emmanuel Schmitt peut donner l'impression que ces cinq nouvelles sont superficielles, pleines de bons sentiments, d' histoires d'amour "tellement françaises" . Mais l'auteur traite ici de sujets profonds et actuels de notre société.
Chaque nouvelle évoque une version différente de l'amour et une façon de gérer une souffrance.
Dans la première nouvelle, Jean et Laurent se marie en cachette au fond de l'église lors du mariage d'un autre couple. Ils seront confrontés ensuite à la souffrance de ne pas avoir d'enfant à eux. Ils vivent alors un peu en procuration la vie de ce couple mixte. Le lecteur est amené à se demander si la solidité et le bonheur d'un couple dépend de sa mixité.
La seconde nouvelle, Le chien, traite du racisme et du pardon. Samuel Heymann parle peu mais il a une passion pour les beaucerons et en a possédé pendant quarante ans, en leur donnant toujours le même nom. L'amour de l'homme pour ce chien est très fort et l'auteur nous le fait vivre avec beaucoup d'émotion.
" oui, dès qu'il m'avait regardé avec le même intérêt et la même impatience que les gardiens, il m'avait rendu mon humanité."
Une courte nouvelle, Ménage à trois, donne à une veuve la possibilité de se remarier avec un homme qui adulait son ex-mari. Ce sera l'occasion de porter une oeuvre oubliée à la postérité.
On aborde dans Un coeur sous la cendre le don d'organe. Alba éprouve une grande tendresse pour son neveu, Jonas. Elle semble l'aimer davantage que son propre fils. Cette nouvelle se passe en Islande et la force de la nature y est très importante.
Et la dernière nouvelle, L'enfant fantôme pose la question de l'avortement thérapeutique. D'une très jolie manière, l'auteur nous montre que chacun a une raison de venir au monde.
Je dois dire que cette dernière nouvelle est parfaite dans sa construction et suscite en moi un questionnement au-delà de sa
lecture. J'aime à la raconter autour de moi.
À l'issue de ces cinq nouvelles, l'auteur nous livre ses réflexions dans son Journal d'écriture. Il explique les faits
qui lui ont donné l'idée de chaque nouvelle et laisse un peu paraître son avis sur ces thèmes importants. C'est un biais moins romanesque qui questionne différemment.
Une fois de plus, au moyen de petites histoires toutes simples, Éric-Emmanuel Schmitt nous invite à réfléchir sur des choix de vie. L'écriture est simple et belle, les personnages sont attachants et la construction laisse toujours une part de suspense, une chute inattendue qui boucle parfaitement sur l'objectif de l'auteur.
Je remercie Albin Michel pour la lecture de ce recueil de nouvelles.