L'infection par le virus de la grippe induit une réponse immunitaire contre le virus, qui entraîne parfois une inflammation qui peut endommager les poumons. En supprimant sur la souris, une protéine, PAR1, qui attire les cellules inflammatoires au site de l'infection, des chercheurs de l'INRA viennent de parvenir à protéger l'animal de l'infection. Ces résultats publiés dans l'édition du 3 décembre du Journal of Clinical Investigation ouvrent une toute nouvelle voie thérapeutique, inhiber PAR1 pour éviter l'infection. Une stratégie qui cibler les cellules hôtes et non le virus.
Les auteurs rappellent l'importance des épidémies saisonnières voire des pandémies sporadiques de grippe chez l'homme, touchant chaque hiver plusieurs millions de personnes et responsables de 500.000 décès chaque année dans le monde ainsi que l'émergence de souches résistantes aux traitements antiviraux actuels. Une stratégie dirigée contre la cellule de l'hôte et non le virus permettrait d'éviter cette montée des résistances.
Chez ces souris infectées par le virus de type A, choisi parce que le plus fréquent et le plus virulent, l'équipe de l'INRA, dirigée par le Dr. Béatrice Riteau constate une activité augmentée de la protéine PAR1, la protéine responsable de cette cascade d'événements qui conduit à l'inflammation. En développant un modèle de souris privé de PAR1 ou sur des souris traitées avec un médicament bloquant PAR1, les chercheurs montrent, dans les 2 cas, que les souris sont protégées contre le virus de la grippe.
Cibler les cellules hôtes et non le virus : Cette molécule antagoniste de la protéine PAR 1 cible les cellules de l'hôte infecté, et non le virus, ce qui permet à l'organisme de développer normalement sa défense immunitaire naturelle et d'éviter le développement de virus résistants au médicament. La molécule maîtrise ainsi l'impact du virus sur l'inflammation du poumon durant 48 à 72 heures après l'inoculation du virus.
Cette étude suggère ainsi que les médicaments antagonistes de PAR1 pourraient être utiles dans le traitement de la grippe. Ce serait une alternative possible aux antiviraux actuels et bienvenue puisque limitant l'émergence de virus résistants. Il se trouve que ces molécules antagonistes de PAR1 sont déjà en essai clinique de phase III pour d'autres applications potentielles.
Source : J Clin Invest. Published December 3, 2012 doi:10.1172/JCI61667PAR1 contributes to influenza A virus pathogenicity in mice et Communiqué INRA
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