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S-Type – Billboard E.P.

Publié le 05 décembre 2012 par Wtfru @romain_wtfru

S-Type – Billboard E.P.

Les temps sont étranges tout de même, on a l’impression que tout le monde veut devenir rappeur par un moyen ou un autre. Pas la peine de baisser la tête en lisant cette phrase. Qui n’a jamais essayé de placer un freestyle ridicule complétement saoul en pleine rue pour impressionner ses potes? Qui ne le sont plus quelques rimes plus tard d’ailleurs. Et ne parlons même pas de ceux qui commencent par se regarder dans un miroir, avant de doucement retourner leurs snapbacks, balancer un beat bien lourd (dans tous les sens du terme) trouvé sur Youtube et de kicker sévère deux-trois punchlines bien bien péraves en imitant un rappeur tout aussi pourri. Car oui il y en a de plus en plus.

En même temps quand on entend le niveau de lyrics de certains qui réussissent à percer, on se dit que tout est possible, que la gloire est à portée de main et que le temps est venu pour nous, de remettre de l’ordre dans le rap game. Sauf que ce n’est pas si simple que ça de rapper, WTFRU aurait pu être un collectif de rap hardcore, mais notre niveau était beaucoup trop haut pour le rap jeu actuel. Trêve de plaisanteries, c’est déjà arrivé à tout le monde et si ce n’est pas encore le cas, on ne vous le souhaite pas

   L’autre problème un peu plus gênant avec certains rappeurs d’aujourd’hui, c’est justement d’entendre ces titres qui défoncent vraiment, avec des beats monstrueux qui donnent des frissons, mais que le rappeur ne colle pas du tout. Et là, le bilan est catastrophique, un rapper qui tue pour de vrai son instrumental, alors qu’il était génial, c’est dérangeant, voire angoissant parfois. On crie à l’injustice, et on se demande alors comment est il possible de sauver les instrumentaux du monde entier avant qu’ils ne soient conquis par de méchants rappeurs, les dents pleines d’or qui viendront balancer des rimes beaucoup trop illicites et craignos, pour au final, tuer tout le potentiel qu’avait l’instru à ses débuts.

   Et bien la solution se trouve peut être là, chez S-Type et chez bien d’autres encore: c’est parti pour le name dropping.
S-Type fait parti de ces talentueux « beatmakers », qu’on pourrait qualifier de trop rares, et qui sortent des E.Ps composés uniquement « d’instrus », parfois bien meilleures que celles fabriquées par des Hit-makers. Oui, oui, vous avez bien entendu, un E.P. avec des tracks sur lesquelles on aurait bien vu un mauvais rappeur poser, sauf que ce rappeur n’est pas, et que notre imagination est libre d’agir.
Parmi ces excellents marchands de sons, on peut retrouver les plutôt connus Lunice, Hudson Mohawke, notamment grâce à leur récent projet commun TNGHT, mais aussi d’autres qui mériteraient d’être autant connus tels que Girl Unit, Sinjin Hawke et on en passe bien d’autres. S-type est exactement dans ce cas là, car avec son nouvel E.P., Billboard, il vient nous balancer des productions fortement agréables à écouter.

   S-type a le profil parfait pour être ce bon beatmaker qu’il est. De son vrai nom Bobby Perman, et du haut de ses à peine 25 ans, c’est un personnage qu’on vous avez déjà rapidement introduit dans une playlist du samedi (numéro 5) avec son excellent remix d’une track de Pusha-T.  Après avoir été Born and raised à Edinburgh, il vit désormais à Glasgow, cette ville qui héberge aussi le maître Rustie, et d’ailleurs parlons du petit Rustie, celui qui a permis de mettre un peu plus de lumière sur le jeune talentueux S-type.
C’est lors d’un essential mix pour la radio BBC one, que Rustie a gentiment balancer une track de S-Type. Erreur fatale, S-type est directement rentré dans notre viseur, et peu de temps après, un premier E.P. : sourire aux lèvres.
Billboard  est sorti il y a peu de temps chez LuckyMe Records, et apparemment qui se ressemble, s’assemble bel et bien. LuckyMe rassemble déjà des artistes comme Lunice, Rustie, ou encore MachineDrum (qu’on vous avez introduit grâce à notre chronique sur Sepalcure). S-type est donc comme un poisson dans l’eau, à la maison, et il semble que sa maison, il voudrait bien la garder. 

   S-Type nous pond donc 6 tracks qui redonnent le sourire, du soleil en plein hiver, avec des beats à côté desquels il est difficile de passer. En un seul E.P., il réussit à nous donner envie nous aussi de rentrer dans la création de beats: ces merveilleuses choses qui en disent beaucoup sans avoir à lâcher la moindre parole.

           Que ce soit pour les titres Billboard ou You da Best, la magie agit en quelques secondes, on se sent déjà pousser des ailes,  et cette envie de mettre les bras en l’air devient insupportable, alors on s’exécute, toujours bercé par sa technique, et par son monde bien propre. Whole Lotta, la track idéale pour se croire dans un Strip club douteux, avec des billets qui volent dans tous les sens: la sensation la plus agréable du monde quoi.

   Flyp City et là on touche le jackpot, la tête du Billboard, car on se réjouit de cette petite ressemblance avec Rustie. Et vu le respect qu’on porte à Rustie, S-Type vient de marquer un point.

   Même si Walrus a peut être un peu plus de mal à passer que les autres tracks de l’E.P., Sensi Star est une berceuse qui nous fait rapidement oublier ce qu’on a pu un peu moins apprécier dans son E.P. Une berceuse qui grandit tout au long, pour finir par ces douces notes de piano, qui tuerait la carrière de Coldplay en quelques secondes; bon peut être pas.

   S-Type tape fort d’entrée. Sa signature chez LuckyMe est donc justifiée, le petit nouveau est toujours celui sur qui on doute un peu, mais dans ce cas, nous n’avons pas vraiment eu le temps. Billboard ne fait peut être pas encore le poids face à Sinjin Hawke et son E.P. The Lights, mais il s’ancre dans les bonnes sorties du genre, pour cette année 2012.
Pour tous ceux qui s’adonneraient à des plaisirs secrets de freestyle dangereux devant leurs miroirs, on préfère que vous tapiez S-Type dans votre barre de recherche préférée, plutôt qu’un insolent « Instru style Raï’n'b » ou « Beat Soulja Boy Fruity Loop ». Il reste cependant vrai, que la meilleure évolution pour ce type de beatmakers et de commencer à produire pour des rappeurs. Clams Casino est un des dieux du genre, alors on souhaite le même parcours à S-Type, et apparemment le monsieur ne se serait pas fait attendre, si on en croit cette petite phrase qui émane du site web de LuckyMe :

« S-Type production on 2013 rap projects (full details to be announced a$ap). »

Un a$ap écrit de cette façon là, ça peut en dire des choses. Le futur aura les réponses à nos questions préhistoriques.

S-Type – Billboard E.P.


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