Dans une interview accordée à Contrepoints, l'ancien Ministre au budget Alain Lambert, président du Conseil général de l'Orne et sympathisant libéral, revient sur l'état actuel de la politique et celui de nos finances publiques.
La dépense publique est un véritable cancer
Ce cancer représente un grave problème puisque la population, lorsqu'elle apprend que les dépenses de l’État augmentent, "croit naïvement que sa condition va s’améliorer." Or, ce problème provient du fait que la classe politique est remplie de gens qui sont persuadés que l'augmentation de ces dépenses "génère quasi-automatiquement de la croissance, ce qui est d’une stupidité confondante." Pire, les ministres utilisent le critère de la dépense publique pour juger de leur influence, relayés en cela par la presse, "qui devrait pourtant exercer un rôle d’analyse pour l’opinion."
Dans l'interview, Alain Lambert confirme aussi l'analyse qu'on trouve régulièrement dans les colonnes de Contrepoints : l'élite française est issue de l'administration (et c'est particulièrement vrai dans le secteur bancaire, selon le président du Conseil général de l'Orne), et il estime ainsi que "80% du PIB est aux mains de gens issus de l’administration."
La mutualisation actuelle est inefficace
Cette dépense publique incontrôlée se traduit bien sûr dans les déficits colossaux de l’État français, mais aussi dans ceux de la Sécurité sociale, moralement scandaleux puisqu’ils ne proviennent pas d’investissements mais des dépenses courantes. Et au sujet de ces dépenses sociales, Alain Lambert estime que le niveau de mutualisation actuel de tous les risques (chômage, santé, vieillesse) "a fait la démonstration de son inefficacité" et que, pour lui, un retour au privé de certains de ces domaines serait à envisager très sérieusement. Pour lui, la liberté de choix de l'assurance santé est "le seul moyen de moraliser et de rendre chacun efficace et responsable." Après tout, si l'on croit en l'efficacité des services publics, on se doit de la démontrer par une exigence de leur performance.
Enfin, l'ancien maire d'Alençon et l'un des pères de la LOLF, nouveau dispositif budgétaire qui a pour but de fixer des objectifs à l'action de l’État, a eu en outre l'occasion de préciser son opinion sur les actions de Sarkozy lorsqu'il était à l’Élysée et de revenir sur l'actuelle désorganisation de l'UMP.
UMP : un élection au niveau d'incongruité unique au monde
Ainsi, pour lui, l'ancien président n'était clairement pas libéral puisqu' "il a eu une certaine propension à amplifier le rôle de l’État". Quant au successeur, François Hollande, son action est résumée par un constat sans concession : programme basé sur des hypothèses trop optimistes, collectifs budgétaires pas à la hauteur de la gravité de la situation, "en fait, il n’y a pas eu de réel changement par rapport aux politiques précédentes." : le changement, ce n'est pas maintenant.
Enfin, concernant l'élection interne de l'UMP, il juge lucidement qu'elle a atteint "un niveau d’incongruité probablement unique au monde." Pour lui, tout le chaos observable actuellement à l'UMP "ressemble à un divorce entre une classe politique «parisienne» et la réalité vécue par les Français." Il semble nécessaire, pour cet homme entré en politique en 1983, de "faire émerger de nouvelles personnes". Selon lui, "la génération des 25 et 35 ans doit s’investir d’urgence dans la politique."