sur mes étagères: la chasse spirituelle.... ( 2 )

Publié le 05 décembre 2012 par Micheltabanou

La chasse spirituelle

 

VACANCES PAÏENNES

 

Ce jour, renié, égaré, mort à l'espoir des destinées, positions, avantages, pourritures d'abîme entrevues - c'était hier sans doute - j'ai fixé l'objet de ces décisions issues de la mystification des débauches.

 

J'oublierai la saveur de l'anathème, l'insulte simple - pour une fois - toutes les férocités, les frénésies grotesques, les gestes cruels, les vains blasphèmes aussi de l'enfance. Je vois avec ces yeux les déserts craquelés comme les croûtes, écrasés de ciel. Une forêt de soie et d'ambre, mais plus loin. J'entends, pourquoi encore cette trahison du silence où j'entre princièrement, des mélodies inavouables. Faut-il souffrir encore et me traîner jusque là? Je ne pourrai plus boire, mais quelles récompenses exquises hors des limites de ces chairs appauvries. Je fuirai le jour malappris, les pièges familiaux, la lampe des veillées contraintes et menteuses, les digestions acceptées, les bruits paisibles derrière la porte close, la ville exténuée.

 

Je veux balbutier l'abandon de nos systèmes définitifs, d   cultures, richesses de nos mémoires. Apprendre désormais l'oubli des fictions consenties, je parle des heures faciles et mortelles, de l'amitié, des reconnaissances pratiques.

 

Je vénère les animaux indifférents, splendides et errants comme les anciens dieux, sous les cieux impitoyables.

 

S'abolir, se perdre, sentir sa peau se dessécher sous le regard avide et envieux des curiosités puériles et - sans pudeur - s'engloutir dans les rêves plus profonds. Le temps: démence des autres! Je ne crierai plus vers vous, repus de sagesse logicienne. Vous ignorerez ces révélations interdites, les rythmes barbares, ma patience, mon âpre royauté, ma force.

 

Les déluges engloutissent les peuples supérieurs et seul un couple d'idiots maniaques et bien-pensants peut voir sur les pavois d'une richesse cramoisie les messagers tout fumant de ses devoirs.

Les vieilles grèves s'estompent dans le vent:: les prairies fraternelles bruissantes des joies d'insectes.

 

Je vois sans hésitation des falaises de quartz, gardiennes des vallées noires et rousses, sans fleuve. Je meurtrirai le rêve ordinaire par ruse, science, amours bâtardes et humiliantes douceurs. Et ce sont encore des danseuses, des artistes ridicules et beaux. Donner tout pour un meurtre au petit jour au fond d'un parc à Babylone.

 

Je tordrai les barreaux d'un ciel occidental et suivrai les traces des mages et des prophètes bafoués, dans l'angoisse de nos parentés englouties. Mais sans filiation aux croyances désuètes, au destin des vertus absurdes et abîmées - libre.

 

L'épouvante des assouvissements me précède. Je mme déferai des gestes élémentaires. Croiser les bras sur l'infiini. Comme c'est simple! Les barbares supérieurs avaient tout prévu: liquider la sagesse et en avant!

 

Bientôt plus d'absence. Les coeurs ne seront plus torturés. Plus de soins . Une force nourrie de silence, immobile. Plus de volonté ancienne, plus d'élans attardés. La plaine implacable. Le corps fixe et vacant comme un sanctuaire. Tourner les yeux sur l'ombre intérieure. Dormir sur le tapis magique et , la tête pleine de terribles réalités - plus léger qu'un rêve d'enfant sage - illusions mystérieuses, je m'effacerai délicieusement.

 

Nef rehaussée d'or, sans flots, sans tempête, j'aborderai bientôt au port vénéré d'où le soleil s'aventure sur nos continents commerciaux, nos docks, nos marées fructueuses, nos escales, nos mornes plages.

 

Je veux marcher sur les cordes raides, vers cette sagesse première et ce monde merveilleux.

 

Mais le coeur révulsé, la tête pleine d'eau boueuse, chasseur lamentable: hantant lles berges maladives où s'infusent les dorades. Il mme faut encore vouloir par delà les mythes séculaires.

 

Mes regrets, ma présence divergente, ma froide raison, hélas! Et tous les enthousiasmes et les calculs, et les détours affectueux, économie respectable, plus rien ne me sera compté. Je sortirai, banni pour de bon, ivre, du cercle des actions aux lueurs des arabesques dépouillées. Je me rappellerai l'odeur aigre des femmes pieuses. Je rêverai cheval. J'adorerai le bouc sacré, les chats griffus miaulant de convoitise.

 

Je me retiendrai au bec de gaz des quartiers sans espoirs, je marcherai jusqu'à l'éblouissement, les pieds en feu, je franchirai les salles successives d'un temple vide incroyablement grouillant et je mourrai en détruisant des tubercules d'or et des oiseaux blancs.

 

Adieu catéchisme, amours vétustes!

J'ai tranché ma main droite.