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Inflation : l'internationale inflationniste

Publié le 05 décembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Sortir de la crise par l'inflation, une fausse bonne idée, n'en déplaise à Bruno Moschetto, professeur à Paris I et à HEC Paris.

Par Baptiste Créteur.
Inflation : l'internationale inflationnisteL'inflation permet de diminuer la valeur réelle de la dette, et des périodes de forte inflation ont pu, dans l'histoire, correspondre avec le plein emploi. Imprimons, imprimons : on aura l'impression d'être plus riches et les imprimeurs seront contents. Une fausse bonne idée pourtant, n'en déplaise à Bruno Moschetto, professeur à Paris I et à HEC Paris, qui écrit :

Nous avons plus que jamais besoin d'une variable d'ajustement compensatrice. Une seule solution s'offre aux gouvernants pour sortir de l'impasse : une inflation concertée. Cet impôt sur la monnaie, selon la lumineuse formule d'Alfred Sauvy, n'est plus au rendez-vous depuis un quart de siècle chez nous et dans la plupart des pays avancés, voire émergents. Et de surcroît ce prélèvement obligatoire n'a été remplacé par aucun autre – et ceci est un point cardinal – puisqu'au cours de la même période le taux des dits prélèvements obligatoires n'a pratiquement pas varié – il gravite toujours autour de 45 % de la production intérieure brute (PIB). Ce qui signifie paradoxalement, en dernière analyse , que les banquiers centraux en contribuant à réduire l'inflation à un taux proche de zéro ont concomitamment privé l'ensemble des recettes publiques de ce prélèvement obligatoire et, partant , sont coresponsables du déséquilibre des finances publiques qu'ils se plaisent à dénoncer en permanence, en en faisant porter la responsabilité totale sur les gouvernants .

Quand ce ne sont pas les méchants spéculateurs privés qui provoquent les crises, ce sont les méchants banquiers centraux, qui empêchent l'Etat de prélever l'impôt sur la monnaie. N'ayant pas pu augmenter les prélèvements obligatoires autant qu'ils le voulaient, les gouvernants n'ont eu d'autre choix que de s'endetter. En plus, le poids de la dette ne peut pas diminuer d'un coup d'imprimerie magique :

Deux points et demi de plus que le taux cible de 2% représenterait pour une dette qui s'élève aujourd'hui en France à 1750 MD€ près de 45 MD€ ce qui permettrait l'effacement de celle- ci ou le financement d'un déficit de même ampleur.

Nul ne peut oublier les périodes fastes, si l'on peut s'exprimer ainsi, lorsque coexistaient une forte inflation à deux chiffres , 15 % et un plein emploi relativement satisfaisant - si l'on peut dire - (un million de chômeurs) cela était le cas pour les années 1979 – 1980 -1987, avec le duumvir Valéry Giscard d'Estaing et Raymond Barre où une dette était effacée de la moitié de sa valeur en trois ans du fait de l'indexation des salaires sur les prix.

Pauvre État, qui n'a pas d'autre choix que de s'endetter ! C'est la faute des banques centrales et de leur volonté de contenir l'inflation, donc pour améliorer la situation,

Il est encore temps de procéder à cet ajustement salvateur avant que les effets des plans d'austérité ne transforment les résignés en indignés et les indignés en insurgés et consacrent le divorce entre les pays légaux et les pays réels. Afin d'obtenir la stabilité de l'économie et d'éviter la récession et par là de promouvoir la croissance et l'emploi par un aggiornamento monétaire : banquiers centraux du monde entier - unissez-vous !

L'internationale inflationniste s'est pourtant déjà lancé dans son entreprise de destruction de la valeur de la monnaie. Malgré tous leurs efforts, on pourrait assister à une magnifique déflation, tout aussi amusante que l'inflation et tout aussi néfaste pour l'économie. N'y a-t-il pas d'autre solution ?

Réfléchissons. L'équation est simple : solde budgétaire = recettes - dépenses. Les recettes dépendent de la production - qui, malgré l'optimisme ambiant, ne devrait pas beaucoup augmenter prochainement - et du taux de prélèvement - que l'on peut difficilement augmenter, quoi qu'il reste quelques niches fiscales à gratter. Dans la mesure où nous devons réduire le déficit, donc augmenter le solde, il va falloir compter sur l'autre élément de l'équation : les dépenses. Les effets délétères de l'inflation étant connus et des exemples récents les illustrant, autant l'éliminer d'office, même si ça ne semble pas évident pour tout le monde.

Malgré le point de vue des tenants d'une internationale inflationniste, les hommes politiques aujourd'hui confrontés à la dette n'ont pas que l'inflation pour solution. Depuis des années, ils ont systématiquement rejeté la réduction des dépenses, se contentant de rogner à la marge sur les largesses étatiques. Ils ont, au mieux, proposé de contenir la croissance de l’État, sans même y parvenir. Certes, il est politiquement difficile, dans un système démocratique, de se faire élire en promettant aux bénéficiaires des largesses de l’État et aux citoyens qui, à force de le voir s'insinuer dans tous les domaines de leur vie, ne conçoivent plus de pouvoir vivre autrement, une réduction du périmètre de l’État ; d'autant plus que, pour rembourser un jour la dette, l’État devra maintenir les prélèvements. On paiera donc autant pour obtenir moins, mais c'est nécessaire : si on ne rembourse pas, nos créanciers pourraient l'avoir mauvaise.

On va donc demander aux Français des efforts supplémentaires ; continuer aussi longtemps que possible à financer le train de vie de l’État, puis la lenteur de sa réduction, et au passage acheter une dette dont, comme les autres, ils ne voudront pas. Rien n'oblige pourtant les Français à payer.

Quelle responsabilité ont-ils vis-à-vis d'une dette contractée, certes en leur nom, mais sans qu'ils y aient réellement consenti ? Malgré les menaces qui pourraient devenir autant d'obstacles et les appels à un patriotisme qui consisterait à financer le déclin de leur pays d'origine, rien n'oblige les Français à payer la dette de la France. Tant qu'il restera des pays plus libres - et il y en a - il y aura une place pour les réfugiés du collectivisme, ceux qui privilégient l'intégrité aux dépens du patriotisme.


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