Il arrive que le cerveau mette un certain moment avant de parvenir à métaboliser certaines informations ou les événements qui se produisent au cour d’une journée de travail mais lorsque le cerveau déborde la maladie sort!
Le trouble de l’adaptation est une réponse psychologique à un ou plusieurs groupes de situations stressantes, causant des symptômes émotionnels et psychologiques significatifs.La caractéristique essentielle d’un Trouble de l’adaptation est l’apparition de symptômes dans les registres émotionnels et comportementaux, cliniquement significatifs, en réaction à un ou plusieurs facteur(s) de stress psychosocial identifiables. Les symptômes doivent apparaître au cours des trois mois suivant la survenue du ou des facteurs de stress.
De nos jours les contraintes du travail combiné avec les agissements de certaines personnes peuvent mener à une situation de trouble d’adaptation pour le travailleur au prise avec un harceleur.
Regardons de plus près
[5] Madame C… est infirmière depuis 31 ans, mais occupe plus précisément le poste [...] au département A depuis 11 ans pour le compte de l’employeur. Il s’agit d’un secteur où les résidents ont, à la base, une déficience intellectuelle en plus de présenter d’autres problèmes physiques ou mentaux.
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[8] En ce qui a trait aux événements à l’origine de la réclamation de la travailleuse, ils sont au nombre de trois et se résument comme suit.
[9] D’abord, le 11 septembre 2008, madame C… se voit dans l’obligation de laisser un message dans la boîte vocale du psychiatre F… à propos d’une patiente qui ne se porte pas bien puisqu’aucun autre médecin n’est disponible.
[10] Environ une semaine plus tard, la travailleuse rencontre le docteur F… près des ascenseurs alors que plusieurs personnes sont présentes. Ce dernier lui indique de ne pas lui laisser de messages sur sa boîte vocale parce que cela le fait chier.
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[12] Le deuxième incident se produit le 23 octobre 2008. Cette journée-là, madame C… réclame au docteur F… un laissez-passer pour un patient. Le psychiatre mentionne à cette occasion à la travailleuse qu’il connaît un bénéficiaire qui voit un monstre derrière la porte lorsqu’il l’ouvre, lui, c’est lorsqu’il la voit, elle.
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[14] Le dernier événement survient le 30 octobre 2008. La travailleuse participe alors à une réunion multidisciplinaire en présence de huit autres personnes, dont le docteur F…. Au cours de la rencontre, ledit psychiatre indique que lorsqu’il entre au [département A] il y a du bruit et cela le fait chier. Il ajoute ensuite qu’il « veut donner un coup de pied dans le ventre de S… » en la regardant.
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[19] Par la suite, la travailleuse quitte le bureau, mais s’assure de l’absence du docteur F…, car elle a peur de le rencontrer.
[20] Un peu plus tard, madame C… se rend à la cafétéria, mais sent quelqu’un à proximité d’elle et réalise du coin de l’œil qu’il s’agit du docteur F…. Elle fige alors sur place quelques secondes et rapporte se sentir intimidée. Elle décide de prendre son cabaret sans se retourner et de se rendre au département pour dîner.
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[29] Elle consulte le docteur B… à l’urgence de l’hôpital en date du 14 novembre 2008. Ce dernier signe un Rapport médical sur lequel il retient un trouble d’adaptation avec humeur anxieuse. Il ordonne à ce moment un arrêt de travail pour une période de deux semaines.
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[43] Le 20 octobre 2009, madame C… se rend au bureau du psychiatre Gilles Chamberland afin d’obtenir une expertise psychiatrique.
[44] À l’historique des faits, le docteur Chamberland rapporte, en plus du suivi médical, le résultat du rapport du médecin examinateur désigné pour traiter la plainte de la travailleuse. Ce dernier indique que les propos du docteur F… n’avaient pas leur raison d’être et portaient le poids des tensions se déroulant au département A.
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[55] Contre-interrogé sur l’influence du contexte stressant de travail dans la survenance de la maladie, le docteur Chamberland explique que la structure de travail en place, en octobre 2008, est certes un facteur de stress, mais n’est pas de nature à entraîner la décompensation psychologique de la travailleuse. Il précise que madame C… fonctionnait très bien dans ce milieu et parvenait à le gérer. D’ailleurs, l’anxiété de celle-ci ne concerne en rien les difficultés présentes au département ou les conflits possibles, elle se rapporte strictement au docteur F….
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[65] Dans le présent dossier, trois événements bien précis sont ciblés par la travailleuse et concernent des propos tenus par le psychiatre F….
[66] Bien que certaines de ces paroles puissent à prime à bord sembler plutôt anodines ou tout simplement fort peu appropriées, le tribunal estime que la juxtaposition de celles-ci marque un caractère agressant qui dépasse le cadre normal de ce à quoi on peut s’attendre dans un milieu de travail. Le dernier événement tout particulièrement surpasse la limite du simple commentaire désobligeant pour franchir l’étape de la menace verbale à l’intégrité physique.
[67] Dans un contexte comme celui en cause où il n’existe aucune complicité ou familiarité entre les protagonistes concernés pouvant expliquer de tels comportements, il s’avère que les agissements du docteur F… ne peuvent d’aucune façon être assimilés à des moqueries entre collègues de travail et sont au contraire totalement gratuits et à portée malveillante.
[68] Ces incidents peuvent par conséquent être qualifiés objectivement d’événements imprévus et soudains.
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[71] Au surplus, même si tel était le cas, le tribunal est d’avis qu’un milieu de travail comportant des difficultés organisationnelles n’autorise pas à un individu à invectiver son collègue, particulièrement lorsqu’il détient sur celui-ci un certain degré d’autorité et ne fait pas perdre le caractère d’imprévu et soudain aux propos rapportés.
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