Source : America-latina blog le monde 03/12/2012
Poète et essayiste, Décio Pignatari est mort à São Paulo, dimanche 2 décembre, à l’âge de 85 ans. Grand mallarméen devant l’Eternel, il avait été une figure du mouvement concrétiste, un courant d’avant-garde du Brésil, qui s’était exprimé dans la musique, la poésie et les arts plastiques.
Il avait fait des études de droit à l’université de São Paulo (USP), le principal foyer intellectuel du Brésil contemporain.
En 1950, il publiait son premier recueil de poèmes, Carrossel.
En 1952, il lançait la revue Noigandres, avec les frères Haroldo et Augusto de Campos. Commençait ainsi l’aventure qui a donné un sens à leur vie, le concrétisme, très lié à la modernité. Signe des temps, le groupe publiait, en 1956, un Plan-pilote pour la poésie concrète, en référence au plan-pilote de l’urbaniste Lucio Costa pour la nouvelle capitale, Brasilia, dont la construction venait de commencer.
Le concrétisme s’opposait à la subjectivité et au sentimentalisme de la poésie romantique et pourfendait les vaches sacrées de la culture nationaliste. Avec les frères Campos, Pignatari publie Teoria da Poesia Concreta (1965), Mallarmagem (1971) et Ezra Pound – Poesia (1983).
Cependant, le groupe de São Paulo a échoué à maintenir les liens tissés à Rio de Janeiro, dont les dissidents, le poète Ferreira Gullar, les artistes Lygia Clark et Lygia Pape, parmi d’autres, signaient un Manifesto neoconcreto (Manifeste néo concret) en 1959.
Décio Pignatari a été un insigne passeur. Il a traduit Dante, Goethe, Shakespeare, mais aussi Marshall McLuhan. Théoricien de la communication, il a été un des fondateurs de l’Association brésilienne de sémiotique dans les années 1970 et l’auteur de Informação, Linguagem e Comunicação (1968), entre autres. Les dernières années, il s’était épris de Heidegger et Kierkegaard.
Il avait recueilli ses poèmes dans Poesia Pois é Poesia (1977). Il est également l’auteur d’un recueil de contes, O Rosto da Mémoria (1988), d’un roman, Panteros (1992), d’une pièce de théâtre sur l’écrivain Machado de Assis, Céu de Lona (2004), et d’un livre pour enfants, Bili com Limão Verde na Mão (2010).
Il aurait détruit plusieurs volumes de journaux, écrits pendant plusieurs décennies.