Islande: le modèle à suivre

Publié le 04 décembre 2012 par Eldon

La manière dont l’Islande s’est sortie de la crise a été saluée dans deux précédents articles. Les Islandais avaient refusé le « il n ‘y a pas d’autre alternative » et refusé de se soumettre aux recettes de sortie de crise élaborées par ceux qui l’avaient provoquée en faisant valoir haut et fort leur sens de la Démocratie. Du bon sens. Du simple bon sens.

La vérité qui dérange finit par s’imposer toujours. Le FMI lui même vient de saluer la reprise économique de l’Islande, pour vous dire.

Et qu’attend-on ailleurs pour s’inspirer de ce modèle et non de celui aberrant de l’Allemagne? Qu’attend-on pour écouter des économistes indépendants de premier plan et non pas les guignols médiatiques travaillant pour des banques ou des grands groupes privés? Qu’attend-on pour faire en sorte que l’économie redevienne un outil au service de tous et non pas de quelques uns?

La France va renflouer Dexia, la banque aux produits toxiques, à hauteur de 5,5 milliards, sous prétexte que sa chute mettrait en danger l’économie européenne (c’est vrai qu’elle ne l’est pas…), l’argent prêté à la Grèce va aux banques et non aux Grecs, l’Espagne vient de solliciter un prêt de plus de 80 milliards pour sauver ses banques pourries moralement et financièrement. Imbéciles.

« Dans un rapport publié à mi-novembre, le FMI salue la reprise économique de l’Islande, et il indique que sa consolidation budgétaire est « en bonne voie ». La croissance économique devrait être de 2,6% cette année et de 2,3% l’année prochaine, prévoit l’Organisation ; des chiffres qui font rêver la zone euro, alors que la récession y bat son plein, comme viennent de l’indiquer des données publiées récemment par Eurostat.

L’Islande a fait ce qu’il fallait faire, contrairement aux autres pays, affirment en chœur des économistes de premier plan. Joseph Stiglitz, l’économiste américain détenteur du prix Nobel, souligne qu’elle a choisi judicieusement de ne pas faire subir les conséquences des erreurs de son secteur financier aux générations futures (les dettes des banques représentaient 209 milliards de dollars, soit plus de 10 fois la valeur du PIB islandais, lorsqu’elles ont déposé le bilan).

Paul Krugman, l’économiste néo-keynésien également détenteur du Prix Nobel, approuve lui aussi la méthode islandaise. «Quelque chose de curieux s’est produit sur le chemin de l’Armageddon financier: l’extrême  désespoir de l’Islande a empêché tout comportement conventionnel, ce qui a libéré la nation du respect des règles habituelles. Alors que tous les autres portaient secours aux banquiers et en faisaient payer le prix au contribuable, l’Islande a seulement laissé ses banques faire faillite, et ce faisant, elle a étendu le filet de la protection sociale. Alors que tout le monde se concentrait sur l’apaisement des investisseurs internationaux, l’Islande a imposé un contrôle des changes temporaire pour se donner une marge de manœuvre», a-t-il écrit.

Le FMI estime que l’Islande offre des leçons pour les pays qui essayent de surmonter un plan de sauvetage, compte tenu de la façon dont elle est passée du sauvetage à une relance étonnamment vigoureuse, rapporte l’agence de presse Bloomberg: «L’attachement de l’Islande à son programme, la décision de faire subir les pertes aux porteurs d’obligations au lieu des contribuables, et le fait d’épargner le système social qui a empêché les chômeurs de sombrer dans la plus grande pauvreté ont contribué à propulser la nation de l’effondrement vers la relance ».

L’Islande a laissé le processus d’échec capitaliste suivre son cours normal, et les banques qui n’étaient plus viables ont fait faillite. Maintenant, le pays se porte bien mieux que d’autres pays qui n’ont pu s’empêcher d’intervenir pour contrarier ce processus, comme les Etats-Unis et l’Irlande. En mars de cette année, elle a remboursé par anticipation 443 millions de dollars au FMI, soit près du cinquième d’un prêt de 2,15 milliards de dollars qui ne tombait à échéance qu’en 2013.

Le blog américain financier Zéro Hedge avait opposé l’Islande, qui s’est déconnectée du système international, à la Grèce, «qui se condamne à l’esclavage de la dette, en continuant de remettre volontairement chacun de ses biens aux vampires de l’oligarchie bancaire en échange de la seule adhésion à un club voué à l’échec ». En juin de l’année dernière, l’Islande était revenue sur les marchés financiers pour emprunter 1 milliard de dollars sur cinq ans à un taux d’intérêt proche de 5%. Les investisseurs se sont rués sur ce prêt, avec et ils étaient même prêts à lui en  by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance"> by Text-Enhance">offrir le double.

Même les pays dotés de systèmes bancaires plus importants que celui de l’Islande peuvent suivre son exemple, juge Adriaan Van Der Knaap, managing Director chez UBS AG., qui a conseillé le comité de réorganisation du secteur bancaire islandais. «Le système financier n’en serait pas affecté », affirme-t-il. »

Source: Express.be