Quelle que soit l’issue de la crise de l’UMP, Jean-François Copé et François Fillon pâtissent et pâtiront encore incontestablement des évènements. Mais si l’on doit désigner un seul perdant, c’est bien le vainqueur déclaré par la commission des recours.
1- Popularité : François Fillon distance un Jean-François Copé considéré comme responsable
Régulièrement classé parmi les 10 personnalités politiques préférées des Français, François Fillon suscitait, début novembre, l’opinion positive de 63% des Français dans le baromètre mensuel Ifop pour Paris Match. En quatrième position, il devançait alors nettement Jean-François Copé, 18ème avec 48% d’opinions positives.
Mais depuis, la crise a nettement dégradé l’image des deux belligérants. Ainsi, le 23 novembre, un sondage de BVA pour Itélé révélait la chute de leur cote de popularité. Auprès de l’ensemble des Français, François Fillon perdait 11 points mais bénéficiait encore de l’avis positif de la majorité : 52%. Avec ce score, il rassemblait deux fois plus de Français que Jean-François Copé (26%) en baisse de 22 points en quelques semaines.
Plus populaire donc, François Fillon peut aussi se prévaloir de la position de meilleur opposant à François Hollande et au gouvernement. Dans le même sondage BVA pour Itélé, 30% des Français le désignaient ainsi. Il devançait nettement alors Jean-François Copé de 11 points.
Enfin, dans un sondage OpinionWay pour le Figaro et LCI paru le week-end dernier, 35% des Français désignent Jean-François Copé comme principal responsable du blocage à l’UMP contre 9% pour François Fillon.
Bien que nettement écornée par la situation, l’image de l’ancien premier ministre semble pouvoir trouver grâce auprès des Français bien plus aisément que celle de son rival, à la fois moins rassembleur et surtout davantage perçu comme le responsable de la crise. Quoiqu’il advienne, Jean-François Copé aura fort à faire pour que les Français le perçoivent autrement.
2- Des sympathisants qui souhaitent avant tout le rassemblement
Le 26 novembre, la commission des recours a désigné Jean-François Copé vainqueur de l’élection. Quelques jours auparavant, le 23 novembre, un sondage BVA pour Itélé indiquait qu’une courte majorité (52%) des sympathisants UMP souhaitait qu’il reste à la tête de l’UMP. C’est bien davantage, d’environ 20 points, que le score qu’il réalisait dans les sondages de souhait de victoire réalisés auprès des sympathisants. En préférant voir le député-maire de Meaux rester président de l’UMP, les sympathisants signifiaient clairement qu’ils choisissaient la fin de crise plutôt que la victoire de leur « chouchou », François Fillon. En somme, la culture du chef des sympathisants de droite permet à Jean-François Copé de s’appuyer sur une remise en cause minoritaire alors même qu’il est désigné comme principal responsable.
Insatisfaits de la manière dont l’élection s’est déroulée et perplexes sur une sortie de crise d’après BVA pour Itélé (47% pensent qu’ils trouveront un terrain d’entente, 51% non), les sympathisants UMP attendent le rassemblement. De fait, l’imbroglio toujours présent pousse les sympathisants à demander un nouveau vote. C’est la voie que semblent prendre Jean-François Copé et François Fillon même s’ils sont pour le moment en désaccord sur l’échéance. Dans deux sondages parus ces derniers jours, l’un par OpinionWay pour le Figaro et LCI, l’autre par BVA pour Itélé, 4 sympathisants sur 5 sont favorables à un nouveau vote. Dans ce même sondage, BVA indique que 55% des sympathisants estiment que François Fillon a eu tort de créer son propre groupe à l’Assemblée. Une fois de plus, les sympathisants manifestent leur opposition à toutes velléités extra-partisanes et signifient clairement leur souhait de rassemblement.
3- Une aubaine pour Sarkozy ?
La crise pourrait bien permettre à d’autres personnalités de prendre la tête, si ce n’est du parti, de l’opposition. Outre les non-alignés Bruno Le maire, Nathalie Kosciusko-Morizet ou Xavier Bertrand, Alain Juppé a joué un rôle positif la semaine passée pour 69% des sympathisants. A l’inverse, pour respectivement 66% et 78% des sympathisants, François Fillon et Jean-François Copé ont joué un rôle négatif. Mais le plus attendu des sympathisants est bien Nicolas Sarkozy. Ses actions souterraines, largement évoquées dans les médias le placent comme garant moral de l’avenir de l’UMP et sont perçues positivement par 75% des sympathisants. Si un retour en politique n’est encore qu’éventuel, il n’en demeure pas moins qu’il est attendu par les sympathisants : 52% d’entre eux estiment qu’il serait le meilleur candidat de l’UMP, loin devant François Fillon à 24% et Jean-François Copé à 15% selon un sondage CSA pour BFM paru le 21 novembre.
L’élection à la présidence de l’UMP devait permettre à la droite parlementaire de se trouver un leader incontestable car élu démocratiquement ; à l’évidence, c’est un échec. Un échec d’autant plus retentissant que si une chose rassemblait Jean-François Copé et François Fillon, c’était d’empêcher Nicolas Sarkozy de pouvoir se placer en position de seul recours à une droite sans chef pour 2017. Le résultat est diamétralement inversé.