Des souris et des hommes

« Toutes les choses vraiment atroces démarrent dans l’innocence ». Cette citation d’Ernest Hemingway illustre brillamment Des souris et des hommes, la célèbre œuvre de John Steinbeck, ici, jouée au Théâtre 14.

Des souris et des hommes est un roman évoquant les grands thèmes de notre société moderne : la violence, l’exclusion, la discrimination mais aussi des valeurs telles que la loyauté et la fraternité.

Pendant  la Dépression des années 30, deux ouvriers itinérants, Georges et Lennie, tentent de survivre à la misère en allant de ferme en ferme afin de trouver du travail, un toit et de la nourriture. Leur rêve : Gagner suffisamment d’argent pour acheter un endroit bien à eux, synonyme de paix et du bonheur enfin trouvé.

Jean-Philippe Evariste et Philippe Ivancic, metteurs et scène, et également comédiens incarnant les deux rôles principaux, nous offrent une mise en scène épurée, efficace, laissant libre cours à l’imaginaire du spectateur et permettant à celui-ci de mieux comprendre la psychologie des personnages, propre à la vision de Steinbeck.

Quant aux différents comédiens que sont Jacques Herlin, Jacques Bouanich, Gaëla le Develat, Philippe Sarrazin, Emmanuel Dabbous, Bruno Henry, Henri Deùs et Hervé Jacobi, qui agrémentent cette belle intrigue, ils sont généreux, touchants et remarquables.

Malgré la simplicité du décor et la volonté de Steinbeck à peindre des personnages dits « communs », nous nous laissons emporter par chaque caractère à la fois dans l’émotion et dans la réflexion.

La fragilité innocence de Lennie nous touche, la loyauté de Georges envers son ami nous émeut, la violence de Curley nous donne des frissons, sa femme ne nous laisse pas indifférent non plus tant pour sa mélancolie que pour sa tristesse, et enfin, Candy, vieillard chétif accompagné de son chien, vieux lui aussi, nous inspire de la tendresse…

Tout cela pour dire que même si l’œuvre est grandiose, ces comédiens vont au delà des mots et nous invitent à entrer dans un tourbillon psychologique et émotionnel intenses.

Nous nous délectons donc devant ce récit poignant où les personnages se transforment en pantin de cire fondant au soleil, tant le poids de leur âme est lourde, et que pourtant, nous aimerions voir plus légère, car ce spectacle emporte avec lui nos cœurs bouleversés.

Des souris et des hommes, Théâtre 14, les mardis et vendredis à 20h30, mercredis et jeudis à 19h et samedis à 16h et 20h30, jusqu’au 31 décembre, durée 1h55.