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Démonstration technologique

Publié le 03 décembre 2012 par Toulouseweb
Démonstration technologiqueLe nEUROn européen a effectué son premier vol.
C’est une grande premičre, dans plusieurs acceptions du terme : le premier décollage de l’UCAV ŤnEUROnť ŕ Istres, le 1er décembre, marque symboliquement l’entrée de l’Europe, par la grande porte, dans le domaine d’avenir des avions de combat sans pilote. Ce faisant, il comble une sérieuse lacune tout en faisant progresser –mieux vaut tard que jamais- la notion d’Europe de la Défense. De plus, sur le plan de la méthode, le nEUROn repose sur une logique qui avait trop tardé ŕ devenir réalité, celle d’une coopération bien pensée réunissant les industriels de six pays sans faire appel ŕ la néfaste loi dite du juste retour. Seules les compétences ont été prises en compte pour répartir les tâches.
Le nEUROn (un cas difficile d’un point de vue typographique !) est un gros appareil, 10 mčtres de longueur, 12,5 mčtres d’envergure, d’une masse ŕ vide de 5 tonnes, furtif, capable d’emporter une variété d’armements dans une soute fermée, maničre de faire permettant d’améliorer sensiblement sa furtivité pour assurer les missions air-sol de maničre autonome.Cela aprčs avoir détecté et localisé ses cibles.
La méthode est dictée par la volonté d’efficacité et tire soigneusement les leçons d’erreurs passées. L’initiative est française, la maîtrise d’oeuvre est de ce fait assurée par la délégation générale ŕ l’Armement, l’exécution relčve d’un maître d’oeuvre ŕ part entičre, Dassault Aviation. Participent au programme Alenia Aermacchi, la branche espagnole d’EADS, Hellenic Aerospace Industry, l’industriel suisse Ruag, Saab et Thales. La propulsion de l’UCAV est assurée par un Rolls-Royce/Turbomeca Adour.
Les essais qui viennent de commencer se prolongeront jusqu’en 2014 et se poursuivront par des tests opérationnels menés en Sučde, l’Italie prenant ensuite le relais pour des tirs et mesures de furtivité.
Il était plus que temps que l’Europe passe ŕ l’action. D’autant qu’il convient de replacer le nEUROn dans son juste contexte, plus vaste, plus ambitieux qu’il n’y paraît ŕ premičre vue. Il s’agit avant tout, bien entendu, de développer des technologies opérationnelles résolument stratégiques. Mais aussi, souligne-t-on chez Dassault, d’assurer le maintien de pôles d’excellence et, last but not least, de maintenir le plan de charge des grands bureaux d’études. Lesquels souffrent de l’absence de programmes nouveaux, pour cause de restrictions budgétaires sévčres.
Les experts ne cachent plus leurs graves inquiétudes, ŕ commencer par ceux réunis au sein d’une commission spécialisée de l’Académie de l’air et de l’espace. L’Europe, dit une étude qui n’a pas encore été rendue publique, risque purement et simplement de perdre ses capacités ŕ développer et produire des avions de combat de nouvelle génération.
De plus, l’adhésion de plusieurs pays européens au programme américain Joint Strike Fighter (le Lockheed Martin F-35) fait beaucoup de tort ŕ la construction d’une hypothétique Europe de la Défense. D’oů l’importance du nEUROn qui peut contribuer ŕ inverser la tendance.
Aprčs l’épreuve des essais en vol, restera ŕ passer ŕ l’étape suivante, la mise au point d’un dérivé opérationnel du nEUROn. Lequel, ŕ n’en pas douter, est déjŕ esquissé chez Dassault et ses partenaires.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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