Magazine Politique

Le 61éme engagement de François Hollande

Publié le 03 décembre 2012 par Hmoreigne

Le 61éme engagement de François HollandeTout au long de la campagne présidentielle François Hollande avait choisi un sentier étroit : gagner la bataille du sérieux sans perdre celle de l'espérance. A ce titre, l'accord conclu vendredi par le gouvernement avec ArcelorMittal sur le sort de Florange marque un tournant. Si les milieux d'affaires sont rassurés, les salariés du site sidérurgique mosellan ont perdu ce qui leur restait de confiance dans la politique.

"Nous avons le sentiment d’avoir été une nouvelle fois trahis" a déclaré vendredi le porte-parole de la CFDT Edouard Martin, quelques minutes après la déclaration du premier Ministre Jean-Marc Ayrault faisant part d'une décision mi-chèvre mi-choux : ni plan social, ni nationalisation. "On a l’impression de vivre un Gandrange 2" a confirmé son collègue de la CGT.

Ont-ils été roulés dans la farine ou plus simplement Arnaud Montebourg ne serait-il pas aller trop vite et trop loin, entre deux moulinets, dans ses promesses ? Le cheminement de la décision semble tortueux. Mais surtout il fait apparaître une profonde divergence d'appréciation et d'orientation politique entre Arnaud Montebourg et Jean-Marc Ayrault.

Le premier voulait réellement la nationalisation temporaire pour écarter Mittal qu'il considére comme un patron voyou et pour envoyer un signal fort aux entreprises de l'hexagone. Le second, plus sage ou plus cynique semble avoir été plus attaché à ne pas dégrader son image vis-à-vis du patronat.

Hervé Gattegno dans Le Point va plus loin accusant le Premier ministre de trahison. Le journaliste évoque notamment un accord secret entre l'ancien maire de Nantes et Mittal pour garantir le maintien de l'activité d'une usine à Basse-Indre, tout près de Nantes, le tout, dans le dos de son ministre, au détriment de Florange.

Arnaud Montebourg retiendra la leçon. On ne blesse pas un aigle avec un pistolet à eau. Autrement dit on n'engage pas de combat avec des alliés à soutien variable et un arbitre hésitant.

François Hollande a une nouvelle fois réussi ce qu'il sait faire de mieux à l'issue de dix années à la tête du PS. Une synthèse molle entre deux hommes désormais à couteau tiré, scellée par un ni-ni qui a l'avantage de rogner les ailes à un ministre du redressement productif très ambitieux qu'un succès aurait rendu difficilement contrôlable.

Conscient des limites du pouvoir politique, François Hollande avait cousu ses 60 engagements de campagne d'un fil blanc. Une sorte de 61ème non formalisé qui était de ne rien promettre qui ne puisse être tenu afin de se prévenir de désillusions trop fortes, irrécupérables par la suite pour pouvoir prétendre à un deuxième mandat.

S'il veut durer politiquement Montebourg devra s'en souvenir tout autant que de la formule de Napoléon: " Le meilleur moyen de tenir sa parole est de ne jamais la donner".

Crédit photo : Jackolan1


Retour à La Une de Logo Paperblog