Dès la première question, Malgré les grèves de 2007, la RATP affiche donc de bons résultats, Pierre Mongin donne le ton , corrigeant la tiédeur des journalistes du Figaro : « Ils sont mêmes excellents. Ils démontrent la solidité financière et la performance de l’entreprise. Le bénéfice net a progressé de 105% et la rentabilité opérationnelle dépasse pour la première fois 15% du chiffre d’affaires. C’est la preuve de l’efficacité des personnels. » Et c’est vrai que le personnel de la RATP est particulièrement efficace. Hier soir par exemple, dans mon train du RER A, qui stationne à Auber un peu trop longuement, les grésillements d’un haut-parleur qui a sûrement dû être amorti depuis belle lurette, laissent passer un message efficace nous informant que « le train va aller tout doucement jusqu’à Vincennes. », message réactualisé en « le train va rouler tout doucement jusqu’à Fontenay-sous-bois » une fois arrivé à Gare-de-Lyon. Au final, seulement 10 de plus que le temps théorique,, quelle efficacité !
Pour autant, il faut saluer cette franchise, et ces mentions de « désaturer » et redonner des capacités, dans la bouche du président de la RATP, car les communiqués de presse sont d’un tout autre style. RATP, une efficacité économique accrue, favorable à l’investissement» est communiqué financier classique et sans surprise, normal. Mais celui sur L’activité 2007 de la RATP et de ses filiales vaut le coup d’œil, allègre mélange d’information, de communication et de publicité, allant jusqu’à utiliser le nouveau slogan de campagne à propos d’initiatives « pour faire aimer la ville », là où les pauvres usagers voudraient simplement être transportés d’un point A à un point B… Ainsi apprend-on que 2007 a marqué « un niveau exceptionnel de renforts d’offres pour le voyageur », mettant en avant notamment le prolongement des horaires le vendredi soir, notant que ces renforcements ont « remporté un très vif succès auprès des voyageurs ». Et de citer 69.000 voyageurs en moyenne en plus après 20h00 le samedi soir et déjà 50.000 le vendredi. C’est bien, pour les loisirs, et pour ceux qui bossent tard. Mais pour une entreprise qui annonce un chiffre de 2.873 millions (2,8 milliards) de voyages en 2007, c’est un peu de l’ordre du détail. On trouve aussi un savoureux « ligne 14 : une moyenne de 400.000 voyageurs par jour ouvrable en fin d’année, avec un record de 450.000 voyageurs atteint le 6 décembre. » Et pour cause, la ligne 14 était la seule à fonctionner quasi normalement pendant les grèves, d’où son succès en fin d’année…
Dommage que pendant que les usagers continuent à essayer de « s’approprier » les techniques pour monter dans des wagons bondés, il n’y ait pas de « voyageurs mystères » pour mesurer la qualité de service en terme de transport, et non pas d’accueil, en terme de régularité, et non pas en terme d’information, car le premier service que l’on attend de la RATP, qu’on le veuille ou non, c’est d’être transporté, de façon fiable et régulière. En clair lorsque l’on arrive devant la gare du RER, le train est à l’horaire prévu, et il mettra le temps prévu pour arriver à destination. Pas compliqué, même sans l’aide de l’agence Euro-RSCG on peut comprendre le message. Et si le texte parle d’un « niveau d’investissement sans précédent pour le transport et les espaces », citant les nouveaux matériels, nouvelles rames, mais aussi plan d’automatisation des lignes ou encore des nouveaux systèmes d’exploitation comme Ouragan pour la ligne 13, 3 et 5, une petite recherche en terme de vocabulaire en dit beaucoup sur le mode de communication de la RATP. Le terme « situation perturbée » apparaît une seule fois, pour dire que l’on met avec le déploiement de SIEL « de nouveaux écrans d’information multimodale, domaine désormais prioritaire avec l’amélioration de l’information en situation perturbée. » Le mot « désaturation » apparaît lui aussi une seule fois à propos de la ligne 13 pour annoncer le lancement d’une étude « capitale pour une mobilité durable en région Ile-de-France » confiée par le STIF à la RATP. Quant aux mots incident, retard, régularité ou irrégularité, ponctualité, ils sont malheureusement absents du vocabulaire des communicants de la RATP.
Plus sérieusement, Pierre Mongin annonce que la RATP investira 5 milliards d’euros sur la période 2008-2011 et ça c’est une bonne nouvelle, surtout lorsqu’il rappelle que l’on a «gravement sous-investi en Ile-de-France en matière d’infrastructure de transports » d’où les «inégalités territoriales dans l’accès aux transports publics», ainsi «un déplacement Paris-Paris se fait à 75% par transports en commun, que ce soit en tramway, bus ou métro, les trajets dans la petite couronne se font à hauteur de 20% en transports collectifs» et ce taux tombe à environ 11% pour la grande couronne.
Enfin un dernier bon point tout de même dans les plans de la RATP, en dehors du projet Métrophérique, qui lui n’a heureusement pas disparu du vocabulaire de la RATP, la régie annonce la « fin du déploiement souterrain de la couverture GSM ». Comme ça, faute d’amélioration de la régularité du trafic, on pourra toujours prévenir qu’on arrivera en retard ;-)
Jean-Paul Chapon