L’exposition d’Allan Sekula à la Galerie Michel Rein (jusqu’au 5 Avril) s’ouvre sur cette photo de deux gardiens d’un musée de Seattle, présentée seule dans une alcôve aux murs rouges. Deux hommes au travail, un Blanc et un Noir, devant leurs écrans de contrôle, quelque part dans les bas-fonds du bâtiment, nous observent, visiteurs insouciants dans les salles du musée; et nous, visiteurs attentifs de la galerie, nous les regardons. La vidéo-surveillance dans les musées est un thème déjà exploité, par exemple par Francis Alÿs et par Renaud Auguste-Dormeuil, sur des modes assez différents. Mais ici, cet espace panoptique, ce lieu d’où tout se contrôle, est devenu dérisoire, banal, ouvrier. Les deux écrans bleutés ne deviennent visibles à nos yeux que quand nous nous interrogeons sur la finalité de ces deux hommes, sur leur utilité.
Sinon, le grandiose triptyque du cargo échoué, ruine tragique, tombeau du commerce capitaliste, flottait à Kassel cet été aux pieds d’Hercule. Il y a aussi un beau film sur le Laos, ses villages, ses artisans et deux photos prises pendant son voyage là bas, un cratère de bombe et le chuchotement de deux paysannes : souvenir d’un assourdissement passé et inaudibilité d’un échange présent.