J’ai bien aimé l’écriture de Serge Joncour. Fluide, elle nous immerge dans le vécu des personnages en nous faisant ressentir leurs émotions. Il y a beaucoup de douceur dans les propos de l’auteur, qui arrive à nous faire accepter des choses difficiles. L’amour sans le faire est aussi truffé de belles phrases qui peuvent faire écho à notre propre vécu, mettent des mots sur de ce que l’on ressent.
A leur façon, tous les personnages sont attachants, cachant leurs blessures secrètes pour se protéger, en feignant l’indifférence. J’ai eu un élan particulier pour le petit Alexandre, cet enfant plein de vie et d’allant et qui, par ses pitreries, désamorce toute une série de discussions délicates.
Mais malgré ces qualités d’écriture, j’ai été déçue par ce roman.
Car, dans le fond, c’est l’histoire très banale de deux personnes qui ont quitté la campagne pour échapper à des souvenirs douloureux, et qui, une fois revenus, se rendent comptent qu’ils se sont trompés et que leur place est dans la ferme familiale. Des milliers de films et de romans ont déjà traités de ce sujet, était-il nécessaire d’en écrire un de plus ?
J’ai trouvé que les transitions temporelles n’étaient pas très claires. On passe de chapitres où il est question du présent à des chapitres où on est projeté 10 ans en arrière. Pourquoi, à ce moment précis du récit, revenir sur les évènements qui ont provoqués la mort du frère cadet si ce n’est pas pour nous dire ce qu’il s’est réellement passé ? L’auteur provoque une tension à laquelle il ne donne pas de réponse…et je suis restée sur ma faim.
Point final de ma chronique et du roman, j’ai deviné la chute avant même qu’elle n’arrive. Et il est toujours décevant de voir que l’auteur n’a pas su nous étonner…
Ma note, puisqu’il faut en mettre une, sera donc à la mesure de ma déception : 9/20. Je remercie néanmoins Priceminister qui m’a fait découvrir ce roman, par le biais de son Match de la rentrée littéraire.
L’amour sans le faire – Serge Joncour – Flammarion – 2012