Ici, un solo instrumental accompagné par l’orchestre, mais dont l’instrument est tout à fait improbable et ressemble au jeu nasillard et désolé d’un cromorne d’église. Là, un tapis sonores des cordes suggère l’immobilité. Il est seulement déchiré de coups de clairons survoltés des trompettes qui font penser à l’extraordinaire « Unanswered question » de Charles Ives. Plus loin encore, la plainte d’un violon ou d’un cor anglais résonnant comme les élégies d’ultimes survivants de leur espèce.
Ennio Morricone est un coloriste compulsif, un amoureux de tous les instruments de l’orchestre et de tous ceux qui n’y étaient pas avant lui. Dans cette bande originale, il y a en tous cas assez de matériau thématique pour tricoter plusieurs poèmes symphoniques, taille large. Du tout grand Morricone à écouter absolument.
Paul Kristof
MORRIONE, Ennio. Il deserto dei Tartari (GDM, 2011) Disponibilité
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