Photos du concert ICI.
Nomad Café, 29 Novembre 2012.
Jusqu’à cette belle soirée, je n’avais jamais mis les pieds au Nomad Café malgré quelques tentations (Le Prince Miiiaou, ou très récemment Bibi Tanga) mais ce soir impossible de ne pas franchir le pas.
Deux bonnes surprises, l’endroit que j’avais du mal à situer est très bien desservi par le métro (Bougainville), et l’accueil est top.
Après une présentation de la soirée et des prochaines par un des pontes du lieu, place à la première partie assurée par Martin Mey.
J’avais eu l’occasion de le voir cet été au Théatre Sylvain avant Nevechehirlian mais le contexte et la brièveté du set ne m’avaient pas plus marqué que ça.
Le concert de ce soir, dans de meilleures conditions, m’a davantage convaincu sur ses talents rapportés par d’autres dans ces colonnes.
Le public pas trop dissipé semble également apprécié, il faut dire que comme l’artiste qui va suivre, Martin Mey a un timbre chaleureux sait le mettre en valeur.
Bien qu’il chante essentiellement en anglais, on pense à Camille pour le coté à la fois intimiste et céleste de certains titres, qui reposent parfois sur des samples de voix sons qu’il enregistre avec ses différents samplers.
Il s’accompagne occasionnellement d’un clavier ou d’une guitare, avec des résultats plus ou moins captivants.
Sa reprise décalée du « Song 2″ de Blur amuse un peu mais l’exercice de style est tellement courant ces derniers années qu’il pourrait s’en passer, les morceaux originaux prenant davantage de risque à mon goût.
Une belle introduction en tout cas, avant le feu d’artifice d’émotions qui va suivre.
Pendant le changement de plateau, les personnes au premier rang sont invitées à se rapprocher encore plus, sur les bords de la scène.
Ca part d’une bonne intention (le chanteur veut être au plus proche de son public) mais dans le lot il y en aura un nombre ahurissant qui vont passer l’intégralité du concert à le filmer au téléphone sous son nez plutôt que de profiter de ce privilège unique.
Mis à part ça, cette soirée relevait de la perfection à tous les niveaux, que cette chronique ne saura quoiqu’il arrive pas tout à fait retranscrire.
Lorsqu’il arrive avec son corps fatigué (pour qui a encore l’image des clips de « The seed » et « Look Good In Leather », vieux d’il y a même pas 10 ans le choc est rude) sa barbe grisonnante et son casque, on est loin de s’imaginer l’excellence de ce qui va suivre.
Il parle avant de chanter son premier titre, remercie l’assistance d’être venue et l’encourage à poser des questions sur le titres qu’il va jouer.
Vu que c’est un concert solo, il explique que nous allons entendre les chansons de son dernier album telles qu’il les a composées au départ, sur un piano ou avec sa guitare.
Exit les cordes somptueuses qui emmènent son « Landing on a hundred » très haut, mais dès les premières mesures de « ‘Til I Met The » on est conquis.
Sur ce morceau rédempteur comme les autres, la voix est intacte et somptueuse, d’une profondeur qui nous consoler presque d’être trop jeune pour n’avoir jamais vu Curtis, Marvin, Gil et les autres.
Quelques questions de spectatrices sur sa foi suivent, et une assez drôle sur le coté inattendu de sa venue à Marseille, « mais c’est la même chose que vous qui m’a fait venir ici, la musique »).
Pour les chansons suivantes, les questions ne viendront pas naturellement, mais il accordera un soin particulier à nous expliquer la genèse de tel ou tel texte, avec moult anecdotes.
Voir un concert de Cody Chesnutt, c’est donc entrer en connections directes avec son vécu d’écorché vif, de la Soul dans ce qu’il y a de plus noble et bouleversant.
Il n’y a pas les choristes du disque pour l’entêtant « What Kind of Cool (Will We Think of Next) » ? Pas grave le public est largement mis à contribution.
La communion est encore plus grande sur « Where Is All the Money Going » dans une version dénudée accappella qu’il chante quasiment featuring le nomad café.
Il dédie « Love Is More Than a Wedding Day » en faisant se rapprocher encore plus (et lâcher le temps de ce poème sonore leur fichu téléphone) un couple de jeunes futurs mariés.
Jouées à la guitare, ses histoires de mauvais garçon sur le fil « That’s still Mama » et « Everyday’s brother » prennent une dimension blues tandis que celles au piano comme « Chips Down (In No Landfill) » ou « Scroll Call » sonnent encore plus classe dénudées.
On ne voit absolument pas le temps passé et ne compte plus les frissons procurés ce soir.
Après avoir fini avec un morceau entendu dans le film « Dave Chappelle’s Block Party » de Gondry, il remercie longuement la salle d’être rentrée dans son jeu alors qu’il n’a joué aucun de ses vieux tubes.
Il discutera et serrera les mains de dizaines de spectateurs, comme s’il venait de jouer à domicile, clôturant cette soirée d’une intensité rare avec une complicité de mémoire jamais rencontrée pour un artiste de cette importance.