1) Hop !, dit-il, plus de samedis travaillés ! Débrouillez-vous pour gérer le reste !
En pratique: Nous devons donc 60 h (calcul exact mais complexe, peu importe le détail) en compensation de ces samedis abandonnés. Afin de foutre la merde en beauté, "on" nous donne le choix de les placer où on veut quand on veut dans la semaine, et qu'elles s'adressent aux 15% d'élèves en difficultés de chaque classe.
Ah ben ici, on va travailler le mercredi matin, de 8h30 à 10h30.
Ah ben ici, c'est une demie-heure chaque soir
Ah ben ici, c'est de 12h à 12h30
...
Discriminant pour les "pas bons" ? Euh... "Qu'esse vouliez que j'fasse, Mame Chabot ? Que je reste dans mon bureau à ne rien faire, ou que j' trouve des moyens de résoudre l'échec scolaire ?"
Quand on a une classe de petite ou de moyenne section (voire de grande ds certains quartiers), on fait quoi ? Euh... Vous irez en Cp-CE1 dans une autre école !
Et les kermesses ?
Les carnavals ?
les fêtes du livre ?
Les repas du monde ?
Les spectacles de Noël ? On parvenait à avoir pratiquement tous les parents les samedis matin ! Comment va-t-on faire ? Euh...
2) "Qu'esse vouliez que j'fasse, Mame Chabot ?" Bis.
Fabuleuse idée: on utilise les vacances pour donner des cours de rattrapage à des CM1-CM2.
Par qui ? Euh... par des enseignants volontaires, de n'importe quelle classe.
Comment ? Euh... ben en fait on n'a pas d'argent pour embaucher des enseignants, en particulier des enseignants spécialisés qui bossent pour le réseau d'aide des écoles, mais là, miracle, on a du fric pour payer ces volontaires un bon prix.
3) Le niveau scolaire va mal. Tout part à vau-l'eau ma bonne dame. Donc, hop, on rédige des nouveaux programmes, avec entre autres, se lever quand on entend la Marseillaise, apprendre à diviser dès le CE1, respecter la parole donnée, en maternelle, ne plus apprendre à "Vivre ensemble", mais à "Devenir élève", bref, un tissu d'injonctions plus-réac-tu-crèves. On lira avec profit le nombre de réactions ici.
Pour faire croire à tout le monde que l'on tient compte de tous les avis avant de rendre publics ces programmes, on décide de consulter les enseignants, pendant 3 heures.
En même temps, on installe un sondage made in Opinionway sur Internet, tellement mal foutu que l'on peut y dire n'importe quoi, ou la même chose 50, 100 fois, 1000 fois, c'est possible ! Aucun message ne disant "Vous vous êtes déjà exprimé sur ce sujet"
Last but not least, on ose croire un moment qu'on sera pris en compte dans nos avis, quand on découvre ça:
Primaire : Une "consultation" scandaleuse
De qui se moque-t-on ? Le 20 février, le ministre promettait une consultation des enseignants sur les nouveaux programmes du primaire avant leur adoption définitive. Celle-ci devait avoir lieu de façon très rapide, d'ici la fin mars, puis, après quelques interventions malheureuses, avant le 4 avril, date à partir de laquelle le ministère recueillerait les avis des instits.
On comprend maintenant la précipitation de la rue de Grenelle. Alors que le ministre présentait les programmes, certains manuels étaient sous presse. C'est le cas par exemple (mais c'est loin d'être le seul) du manuel d'Alain Bentolila, "L'île aux mots", publié par Nathan. Cité par X. Darcos comme un des inspirateurs de la réforme, ses nouveaux manuels de CM2et de CM1 "conformes aux programmes de 2008" arrivent dans les écoles.
Comment qualifier une consultation officielle qui a lieu alors que sont déjà en vente les manuels issus des programmes mis en consultation ? Puisque l'avis des enseignants qui vont avoir à appliquer la réforme est jugé ostensiblement sans valeur, de quels moyens doivent-ils user pour transmettre leur opinion ?
Franchement, si ça chauffe grave d'ici qqs semaines, au moins les lecteurs de Maodite Verseuse et ceux de RougeVertRose (c.à.d 4+3) sauront pourquoi !!!