C’est avec une grande émotion que je peux enfin dire que j’ai terminé la lecture de cette merveille : Le Livre des Enfants, d’Antonia Susan Byatt.
Ça fait plus d’un an que je l’avais commencé.
Mais attention, ne vous méprenez pas. Ce livre est fantastique. Si j’ai mis si longtemps à le lire, et que je lui ai fait des infidélités, c’est parce qu’il est énorme, touffu et que mon esprit et mon temps étaient plutôt peu disposés à ces caractéristiques.
Je ne vais pas m’amuser à faire sa critique ou, plus modestement, sa chronique, car ce roman est d’une telle richesse, d’une telle ampleur, qu’il faudrait encore une fois du temps que je n’ai pas et des connaissances que je n’ai pas non plus. Je vous renvoie en toute confiance à ces deux critiques, très justes selon moi : celle de Télérama, et celle de Libération.
Je me contente donc de dire le plaisir de lecture que m’a procuré ce livre hors-norme. Ce livre parvient à restituer la fin d’une époque (le tournant du XIXème siècle en Angleterre), sur le plan historique, artistique, sans pour autant manquer des portraits fouillés et émouvants de toute une ribambelle de personnages, aux liens familiaux et sentimentaux compliqués. A. S. Byatt sait raconter le bonheur d’une famille lettrée, vivant parmi les contes, dans un écrin délicat de jardin anglais, avec couple haut en couleur, de nombreux enfants aux joues roses et aux tenues soignées, ainsi que l’horreur de la Première Guerre Mondiale, la puanteur des tranchées, la brutale injustice de la mort. Entre ces deux extrêmes, plus de vingt ans s’écoulent, et les destinées des personnages s’entrelacent aussi tortueusement que les frises d’un motif de William Morris. C’est beau, brillant, érudit et assez bouleversant. Les cinquante dernières pages nous giflent et nous secouent.
Faut-il s’échapper dans l’Art ? Je me demande si ce n’est pas la question à laquelle finalement A. S. Byatt nous conduit, à l’instar de nombreux de ses personnages, -en évitant soigneusement d’y répondre.