Le brouillard a tout effacé et je reste seul avec moi-même.
Les collines ont disparu, ainsi que le village et la forêt.
Il n’y a plus rien.
Rien que le murmure de la rivière, quelque part dans ma mémoire.
Je marche, enveloppé d’un voile de coton blanc.
Je marche sans savoir où je vais.
Il fait froid, très froid.
Autrefois, la vie était ici : des oiseaux dans les arbres, des bourgeons sur chaque branche, un lièvre à l’arrêt, les oreilles au vent, affolé par un bruit insolite, ou bien encore un renard, trottinant à travers les prés, une proie entre les dents.
Aujourd’hui, il n’y a plus rien. Plus de bourgeons, plus d’oiseaux. Le grand lièvre est mort et le renard a disparu.
Il a disparu dans la brume, comme les collines, comme le village, comme la forêt.
Aujourd’hui il n’y a plus rien et je marche seul dans la nuit qui tombe,
Sans savoir où je vais et sans même savoir qui je suis.