[Critique] INSIDE (La Cara Oculta) de Andrés Baiz

Par Celine_diane

Inside est une petite surprise colombienne qui se déroule en trois temps, qui mélange plusieurs genres, qui s’amuse avec les nerfs du spectateur. Une petite surprise à tiroirs, nourrie aux ghost movies, mi-thriller, mi-tragédie amoureuse, qui ne cache rien de moins qu’une critique acerbe du couple. Le mieux ? Regarder le deuxième film d’Andrés Baiz en en sachant le moins possible tant il recèle de fausses pistes, de jeux de miroirs, de couloirs secrets. Empruntant les codes du film de genre (celui de la maison hantée pour être exact), Baiz révèle les bassesses humaines, s'intéresse au pire au fond de chacun, déterre les odieuses vérités derrière les apparences. Inside ne parle finalement de rien d’autre que de ce qui est caché- à la fois physiquement et métaphoriquement- ce qui lui permet de pouvoir être abordé sous deux angles différents : une première lecture, déjà en elle-même jouissive, où le cinéaste prend plaisir à maltraiter ses personnages et les spectateurs ; une seconde lecture, absolument géniale, où il est question d’un triangle amoureux vénéneux, de rivalités féminines, de jalousie, d’infidélité, d’envie, de lâcheté. Dans Inside, huis clos anxiogène et cruel, tout le monde cache quelque chose : l’homme a ses secrets, les femmes leurs non dits, la maison ses recoins inconnus. 
Tout commence avec Adrian, chef d’orchestre muté à Bogota. Belen, sa copine, vient de rompre, elle est portée disparue. Un soir, il se soule, rencontre Fabianna, entame avec elle une nouvelle relation. Dans la maison, personnage à part entière, cette dernière se sent observée, pas tranquille, une présence rôde… Ne vous y trompez pas : le film n’est pas un film de fantômes même s’il en emprunte tous les codes lors d’une première partie intrigante : coupures soudaines d’électricité, évènements inexpliqués, menaces latentes. Il s’agit plutôt d’un film qui pose des questions : de la simple interrogation à suspense « Adrian a-t-il tué Belen ? » à des plus complexes « La passion pousse-t-elle l’être humain dans ses pires retranchements ? », Inside révèle des trésors de maturité. Au milieu, Baiz se permet même de faire jaillir quelques pistes de réflexion sur des notions aussi intéressantes que le voyeurisme, la place du mensonge dans le couple, la vengeance. Lorsqu’enfin il balance ses réponses, il nous assène une belle claque : ce que l’on appelle amour ne serait in fine qu’implacable égoïsme et violence sourde.