Chers australiens, cela fait déjà quelques temps qu’on en a beaucoup sur le coeur, et qu’on aimerait bien passer un coup de gueule, à propos de tout ce que vous nous faites endurer, depuis tant d’années.
Alors tout d’abord le surf, parlons en oui, de tous vos surfeurs-sourire-blancheur qui représentent des dieux pour nos petites copines. Savez vous à quel point vous nous mettez dans l’embarras?
Ca fait peut être 10 ans qu’on a pas vu le moindre abdominal, car notre bide se développe de manière inquiétante, et vous, vous êtes là, bien posés sur vos plages de bogoss, pendant que nous on fume des clopes sous la pluie jusqu’à en tousser comme des connards. On avait bien repéré le filon pour draguer des nanas, mais allez faire croire à n’importe quelle meuf, même complétement saoule, que vous débarquez de Sydney, alors que votre accent anglais est complétement craignos et que vous croyez encore qu’en portant du Quicksilver et du Billabong, vous allez avoir un look de surfer. Autre chose, vos koalas trop mignons là, ils commencent à nous les briser. Tout le monde veut un koala chez soi, mais bien sûr vous contrôlez le marché. Nous, on a que des chiens qui sont seulement capables de chier sur nos tapis de milliardaires et des chats qui sautent par des fenêtres pour mourir. Bon ne critiquons pas trop les chats non plus, ils sont quand même bien marrants sur Youtube.
On viendrait bien vous les piquer vos koalas, pour enfin attirer plein de meufs, mais maintenant on a peur de vos kangourous, depuis qu’on a vu qu’ils savaient manier les gants de boxes dans le jeu vidéo Tekken 6.
On avait donc décidé de faire profil bas, et de voir comment la situation évoluerait. Et là, on atteint des sommets avec Tame Impala. Il fallait que ça soit vous encore, qui sortiez l’un voire le meilleur album de l’année hein? Mais comment vous en vouloir au final? Car vous avez eu cette extrême gentillesse de nous faire partager cette expérience, celle dans laquelle nous transporte Lonerism, le dernier album de Tame Impala. Et on doit vous rendre ce geste, car même si on vous déteste un peu, vous avez réussit un sacré coup.
Tame Impala, est un groupe de rock psychédélique avec ce beau côté dream pop, originaire de Perth en Australie. Seulement trois membres pour le groupe studio (Kevin Parker (voix, guitare, basse, drums, clavier), Jay Watson (guitare, basse, batterie) et Dominic Simper (guitare, basse)) auxquels on en ajoute deux (Nick Allbrook et Julien Barbagallo) pour les performances live, et le tour est joué. Il faut dire qu’avec un leader aussi bon, et polyvalent, la bombe à retardement aurait bien explosé un jour ou l’autre.
Première claque en 2010 avec un premier album, Innerspeaker, et déjà un talent incontestable. Preuves à l’appui avec des chansons comme Desire Be Desire Go, Why won’t you make up your Mind? ou la merveilleuse Solitude is Bliss. Mais même l’album dans sa globalité est une pièce rare. Pour un groupe qui s’est formé en 2007 et qui a balancé un premier E.P. en 2008, sortir un tel album en 2010 était du pur génie. Un style de musique qu’on aimerait retrouver de partout, tout le temps, à toutes les sauces.
Mais bienheureusement le groupe a été reconnu comme il se doit, car passer à côté de cet album aurait été de la bêtise pure et dure. Après avoir mis cette barre trop haute, on ne pouvait pas en demander plus, Tame Impala avait déjà rempli sa part du contrat haut la main. Il y a toujours ce creux entre un premier et deuxième opus, souvent fatal pour quelques groupes. On a toujours peur de voir partir, changer de direction, ceux pour qui on avait commencé à éprouver quelque chose.
Une petite tournée aux Etats-Unis avec MGMT bien méritée, et on apprend au passage qu’un deuxième album serait déjà presque prêt, alors que le premier venait de voir le jour. De l’hyperactivité, on appelle ça.
Deux ans d’attente au final et Tame Impala a décidé de débarquer à la fin de l’année 2012, alors qu’on pensait avoir déjà vu l’essentiel. La grosse surprise de fin d’année, voir même Noël avant l’heure. Un nouvel album, Lonerism chez le label Modular, pour un des plus gros choc émotionnel de l’année. Tame Impala pond un deuxième opus qui dépasse tout ce qu’on aurait pu espérer, et qui nous prend bien plus que par les sentiments.
Lonerism, est une merveille, et on n’exagère pas. Il y a bien trop de raisons pour ne pas rater cet album, qui vient renverser un classement des meilleurs albums de l’année qu’on pensait préétablit, pour se poser tranquillement à sa tête. Cette énergie, qu’on arrive même plus à caractériser, est bien présente tout au long de l’album. Nous n’avons pas à faire à ce genre d’album où seuls 3-4 titres retiendront notre attention, ici on parle d’entité, de bloc, tout va bien ensemble et même séparé.
On commence par entendre ces chuchotements au début de Be Above it, avec ce rythme grandissant imposé par la batterie, une chanson d’introduction qui donne déjà beaucoup de couleur à l’album. Mais le rêve commence vraiment à partir de la deuxième chanson, Endors toi, oui oui une chanson avec un nom en français, on a déjà oublié toutes ces raisons pour lesquelles on était jaloux des australiens. Endors toi, comme une sensation inconnue qui nous impose le sommeil, on accepte bizarrement, et le voyage peut enfin commencer, et quel beau voyage. Un rêve d’une beauté indescriptible, maintenu par des chansons, d’une qualité quand à elle, bien descriptible. Mind Mischief, Why Won’t They Talk to Me?, la bombe Feels Like We Only Go Backwards et bien d’autres encore. Le paradis sous forme de disque si vous préférez.
On est étonné de ce plaisir, qui existe du début jusqu’à la dernière seconde, pas de déception, juste de l’étonnement, juste une forme de passion qui se développe petit à petit. On prend Lonerism dans les bras, sans vouloir le lâcher à nouveau.
C’est difficile à croire, et pourtant cette pièce maîtresse est bien posé dans notre bibliothèque iTunes, parmi tous les autres albums qui nous ont, eux aussi, touchés un jour ou l’autre. Mais ici, on veut le faire briller, on lui ajoute sa belle pochette, et on vérifie bien que le nom de chaque chanson soit bien écrit. Il aura fallu attendre fin 2012 alors, pour avoir cet orgasme musical, on oublie pas encore les Frank Ocean, et autres Beach House qui nous ont volé nos oreilles quelques temps, mais Tame Impala a eu les bons arguments, ceux qui arrivent à convaincre sans passer par milles chemins.
Tout comme le très bon Kendrick Lamar qui a réussit à séduire tout le monde, et pas seulement les méga-fans de rap, Tame Impala marche dans le même sens, car peu importe d’où vous venez, vous êtes le bienvenu pour apprécier.
Ca fait du bien, oh que ça fait du bien de se sentir transporter par la musique, que ça soit en général, ou pas, Tame Impala nous rappelle en tout cas, la raison pour laquelle on aime la musique, mais aussi pourquoi on continuera à l’aimer. La hache de guerre est enterrée avec les australiens, plus rien à foutre de nos petites copines qui râlent la plupart du temps et qui chialent l’autre partie, vous pouvez les prendre en échange, car vous venez de nous donner beaucoup de choses avec cet album.
Kevin Parker, le leader du groupe, a aussi produit et joué cette année sur l’album d’une française, Melody’s Echo Chamber, qui a sorti un album du même nom il y a peu de temps. Une façon comme une autre de prolonger le plaisir, chez nous les précoces, et une preuve de plus, que Mr. Parker est un génie.
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